Elle rentra à la maison

Ils l'attendaient. Les enfants avaient crié un "bonsoir" de leurs chambres, il avait reposé le journal. Lui, son compagnon, son époux, son homme. Elle lui déposa un baiser plein de tendresse sur la joue, remit une mèche en place. Quel vent ! Il l'écoutait en souriant (il souriait toujours), parler des entreprises qu'elle avait démarchées. De ses routes où elle s'était égarée. Elle le regardait, sans lui montrer son inquiétude parfois.
Encore une fois tu n'étais pas à ton bureau, et ton absence a duré bien longtemps, tu sais. Je n'ai appelé que deux fois, mais on m'a dit que tu n'étais pas rentré. Ce n'est pas la première fois, depuis quelques mois....
Elle le regardait, aujourd'hui un peu plus attentivement que d'habitude. Elle l'aimait. Profondément. Parce qu'il était lui, qu'ils avaient fait les 400 coups ensembles!  Puis il l'avait faite mère, son plus beau cadeau. Parce qu'ils pouvaient parler de tout ce qui demandait réponse. Elle adorait leurs dialogues si riches ! Ce soir, elle avait l'esprit en alerte.
Tu sais, j'ai bien compris que tu avais une maîtresse. Je te sais si bien. Tu as toujours aimé les femmes...
Elle savait qu'il ne voulait pas lui faire du mal. Il cachait autant qu'il le pouvait, mais elle le connaissait trop bien, son compagnon de vie. Elle avait compris que son coeur avait accueilli un autre sourire que le sien. Les mois passaient. Il dormait mal, de plus en plus souvent.
Ce n'est pas vraiment grave, ne t'en fais pas pour nous.  Notre amour est autre chose. Je sais que tu as toujours eu des passades, et même si j'ai eu  un peu peur parfois, nous sommes toujours là. Je crois que je vais devoir te Re-séduire...
Elle lui rappela qu'ils sortaient ce soir, il était si étourdi! Toutes ces années elle avait toujours su l'aider à retrouver. Ses papiers égarés, ses rendez-vous à venir. Elle était là. Elle serait toujours là. Ce n'était pas une folie de corps qui pouvait mettre en danger ce qu'il y a de vrai, l'amour partagé. 
Je n'aime pas ton regard parfois ailleurs, ne sois pas triste, prends soin de nous. N'ai pas peur de me blesser, je suis bien plus solide que tu ne le crois... bien moins aveugle, aussi !
Bon, je vais me changer. Les enfants, pas de télévision ou d'ordinateur, même si papa et maman sortent en amoureux, d'accord ?

Comments

[Mouette]

Sophie l'extra lucide....Berlioz qui compose en longs soupirs et silences..
Oui, le silence est aussi parole.

[berlioz]

Tiens, encore une histoire de silence. Comme quoi le silence fait du bruit, le silence résonne, le silence murmure des soupirs et des mots doux; il fait se distendre le temps en un souffle; si-lent-ce......

[sophie]

JE PENSE QUE JE N'ÉTAIS PAS LOIN DE LA FIN DE L'HISTOIRE ET JE MAINTIENT.....

Je crois qu'il ne lui fera pas de mal, parce que de toute facon, elle sait. Elle sait, et elle ne posera pas de questions, parce qu'elle ne veut pas de réponses. Alors il n'aura pas à le dire et la vie reprendra son cours, parce qu'ils s'aiment.

[babayaga]

en fait, je voulais dire qu'ils partageaient seulement une certaine forme de parole, et une certaine forme de silence. La parole, loin de leurs sentiments profonds, de leur identité, le silence dramatique d'un secret partagé, le silence de leur être. Enfin, c'est très caricatural, ce que je dis...
Je viens seulement de voir sa partie à lui, et c'est marrant, parce que, à la première leture, après réflexion, j'imaginais le scénario du mec !!!

[Mouette]

Je crois que cette histoire en deux chapitres n'ouvre aucune question, ne demande aucune réponse. C'est juste une belle histoire d'amour. Même pas trompée, juste un peu trichée. En silence. Car le silence est parfois essentiel.