Il rentra à la maison
Les enfants l'attendaient. Non ! ils étaient là, tout
simplement. Lui aussi l'attendait, sans vraiment attendre, comme eux.
Il avait commencé à feuilleter le journal, mais ne parvenait pas à le
lire. Elle allait bientôt rentrer, ouvrir la porte en coup de vent.
Elle, sa familière, sa compagne, son épouse, sa femme. Lui poserai un
baiser plein de tendresse sur la joue, raconterai sa journée. Elle
racontait si bien ! En ponctuant ses phrases de son geste familier.
Elle aimait relever une mèche blonde; la glisser derrière son oreille.
Mais elle retombait, évidemment, dans ses mouvements parfois un peu
vifs.
Il la regardait, aujourd'hui un peu plus attentivement que
d'habitude. Il l'aimait. Profondément. Parce qu'elle était elle,
qu'elle avait partagé avec lui leurs années insouciantes. Puis était
devenue la mère de leurs enfants. Parce qu'elle était intelligente, et
cultivée. Parce que leurs amis venaient toujours avec plaisir chez eux.
Ce soir, il avait l'esprit en alerte. Son coeur lui jouait des tours.
Non, je te le promets, je ne savais pas, le jour où.... Je ne savais pas que j'allais l'aimer. Elle aussi. Pardonne moi.
Il
voulait la protéger de la tempête qu'il avait dans le coeur. Ne voulait
pas lui faire du mal. Elle ne devait jamais apprendre. Que son coeur
avait accueilli un autre sourire que le sien. Les mois passaient. Il
dormait mal, de plus en plus souvent. Il craignait de l'appeler, elle, dans son sommeil.
Je ne savais pas, tu sais. Qu'elle me prendrait dans ses yeux et que j'y plongerai avec de la flotte tout autour. Pardonne moi.
Elle
lui rappela qu'ils sortaient ce soir, il était si étourdi! Toutes ces
années elle avait toujours su l'aider à retrouver. Ses papiers égarés,
ses rendez-vous à venir. Elle était là. Bien sûr ils ne s'aimaient plus
dans la passion, comme avant, mais leur amour était si fort. Il aimait
qu'elle rentre à la maison, qu'elle partage les musiques, les musées,
les voyages.
Qu'avait-il fait ? Il ne savait pas. Qu'elle occuperait tant de place dans son coeur.
Il aurait aimé n'avoir jamais...
Je ne veux pas te faire du mal. Je te le promets. Je ferai tout pour que jamais tu n'apprennes. Pour elle. Je t'aime.