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Motus et bouche cousue

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29 juillet 2006

En stock...730 notes

Pierre_de_lune_adieu

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22 juillet 2006

Echouage

On se reverra bientôt, juste après que j'ai séché le dernier point de suspension. Je pointille mes vacances. Petits points qui me déposent sous des pins, juste entre le bassin et l'océan.
Je n'ai rien oublié ; j'ai la crème solaire et les bouquins. Le papier, le crayon, les enveloppes et les timbres. Les serviettes, les tampons, les maillots, les tubas. Les sandales plastiques, l'appareil photo et le chargeur de batterie. La gomme. Le pull et le ciré.
Je n'ai rien oublié, j'en suis sûre.
J'aurai pour vous des pensées salées, des bouffées d'air iodé, des algues et des coquilles d'huître. Des grains de sable dans les chaussures et la résine des pins sur la voiture.

t__ch2
Merci Nadaiya pour ton tableau échoué sur cette p(l)age ...il y a même le bon nombre d'oiseaux !

21 juillet 2006

Masque

Rien n'a changé. Rien. Il n'est pas le premier.

Juillet 2005
Il y eut Naja, mon ami de correspondances, qui écrivit, il y a un an...
"J'ai lu. Consterné. Si cela vous aide à vivre de faire flamber vos douleurs aux vents publics, alors bon ; c'est vous et chacun fait ce qu'il veut/peut de soi."

Octobre 2005
Il y eut ces mots que j'écrivis, après, le temps de moins souffrir
(...) il ne voyait donc pas ? Non, bien sûr, il ne pouvait pas voir. Elle le savait bien. Que les mots étaient pour lui du superflu. Il ne voyait pas qu'elle rétrécissait de son silence.
Qu'elle se perdait dans un monde où elle aurait tant donné pour des mots, même inutiles et faux. Des paroles qui ne l'auraient pas renvoyée dans son imaginaire. Là où des femmes se font payer pour que des Hommes les fouillent.
En silence.
Le silence, en cadeau à s'offrir, en espèces sonnantes. Regarde, je te prends et te paye en silences. Ta valeur est ailleurs. Pourquoi un dépot de mots doux ? Pourquoi pas de mots de peau ? Douce. Mots-dépots. Dépotoir. Ils ne te suffisent donc pas ? Mais que veux-tu d'autre ? Être rassurée ? En dégoulinements de mots mielleux ? C'est cela que tu veux ?
Elle secouait la tête, disait non. Que dire d'autre ? Allait-elle poursuivre toute sa vie cette quête insensée ? Se donner en patûre pour quelques âneries qu'elle serait seule à croire vraies. Elle le savait bien que certains avaient entendu l'écho de cet abîme de silence, avaient ouvert la brêche, l'avaient emplie de mots-doux. Pour rien. Rien que son sourire qui les éclaboussait alors ? Troc stupide et vain. Elle bradait son bonheur. Elle se bradait. (...)

Juillet 2006 
Neuf mois, comme  pour mettre au monde un enfant. Neuf mois, pour que je me retourne. Et relise les mots anciens.
Ouvrir ma messagerie et y lire les mots reçus aujourd'hui.
Des mots d'un, d'un en qui je croyais.
C'est con, d'avoir mal comme ça. C'est con d'avoir ce besoin viscéral d'écrire. Je croyais être à nu ici. Je croyais être sincère, je vous l'assure. Mes mots doivent m'habiller bien plus encore que ma peau..
"Je ne regarderai plus ton blog où tu confies "à tout vent" tout ce que tu vis. Je n'aime pas du tout ce jeu de masque avec ton public"

Merci de ne pas commenter cette note.
Si vous voulez m'écrire, faites le par mail, s'il vous plaît.
Par respect pour la personne qui, même si elle n'ira plus sur ce blog, a malgré tout le droit de ne pas être exposée  davantage que par ses mots que je lui ai volés, pour les écrire ici.

21 juillet 2006

Valises pour eux

Pieds ; Elle a oublié, encore une fois !
Mains ; oui, on sait, on a vu, ça nous concerne aussi, mais bon, qu'y faire ?
Pieds ; un jour, on se vengera.
Mains ; vous avez une idée ?
Pied gauche ; pour l'ongle incarné, j'arrête pas de le dire à Droit, mais il ne veut pas.
Pied droit ; mais t'as qu'à le faire toi même, non mais !
Pied gauche ; Elle est droitière, donc Elle appuie davantage avec toi, c'est à droite que ça portera ses fruits.
Pied droit ; les "fruits" d'un ongle incarné... bêêêrk, tu me dégoûtes !
Leucocytes ; un peu de respect pour nos morts, s'il vous plaît. On se tue à la tâche pour éviter le pire.
Pieds ; c'est vrai, excusez nous, on vous en fait voir, hein ! avec sa manie de marcher pieds nus ! Entre les débris de verre et les agrafes qui traînent....on s'en ramasse plein la plante.
Mains ; oh, et en ce moment Elle jardine à la sauvage en plus, heureusement que Leucocytes sont en pleine forme, parce qu'il y a plein de cochonneries qui passent ! Tenez, hier soir, Elle a voulu rempoter quelques cactus.... Pfffft, Elle a compris, pour les épines !
Yeux ; ah, ça, Elle nous a mis des loupes devant et à la lumière rasante les doigts... Une heure pour enlever tous les trucs quasi invisibles fichés dans la peau....et Elle n'a même pas désinfecté après ! Au fait, Pieds, c'est du désinfectant dont vous parliez, au début, pour la valise ?
Pieds ; mais non, ça Elle l'a pris, Elle part avec les enfants. On parlait des limes, polissoirs, des trucs pour nous râper la corne, nous faire beaux, quoi !
Ongles ; et du vernis, hein, faites lui penser au vernis ! Pourquoi toutes les Elles ont des jolis ongles et pas nous ?
Yeux ; vous n'avez pas de chance... pour nous Elle a pris le Kôhl et le crayon vert. On aime quand Elle nous fait tout maquillés ! Pourtant ça prend pas longtemps, c'est vrai qu'Elle pourrait s'occuper de vous, mes pauvres choux.
Poils ; et la pince à épiler aussi Elle y a pensé ! Les mouettines vont devoir s'occuper de la broussaille de Sourcils.
Sourcils ; ça fera pas de mal, parce qu'avec la presbytie, Elle en oublie la moitié....
Elle ; c'est pas un peu fini les messes basses ?
Ego ; ne les grondez pas, c'est pour votre bien-être. Pour que vous soyez encore plus ... enfin... rien ....
Elle ; encore plus quoi ? Tu peux préciser ta pensée ?
Ego ; ben....
Elle ; séduisante ? Il faudrait que je plaise par mon apparence, monsieur Ego ?
Ego ; je vous en prie, Elle, cessez de parler de vous comme si....
Elle ; comme si quoi ? Tu veux des adjectifs pour pouvoir terminer tes phrases ? Aigrie, amère ?
Ego ; ça promet les vacances, ça promet....
Elle ; mais non, allez, je suis vilaine. Efface, va. Et les autres, là, les Pieds, les Mains.... regardez.... j'attrape la râpe et le polissoir, vous êtes contents ?
Pieds, Mains ; merci, Elle ! Vous penserez à vous en servir, hein ?

20 juillet 2006

Cachette de saison

Avant la fin de l'été... avant.
T'en fais pas, va, ça va passer. Mes reniflements et mes yeux décomposés. Je vais la décaper, la mélancolie de mon regard, comme tu frottais le trait de crayon noir qui cernait mes paupières.
Ne t'inquiète pas, c'est du blues, tu sais bien que ça rend l'âme triste de l'écouter dans la nuit. L'été. Je vais éteindre ça, vite fait. 
Non, je ne te dérangerai pas, va. Ne te téléphonerai pas. Ne t'écrirai pas. Mes paroles sans voix, juste ici, pour les autres, pas pour toi. Comme ça, tu ne sauras pas le ver qui ronge mon aubier des mots.
Mais je t'écrivais, avant.
Les feuillets noircis ont été passés sous l'orage. L'encre a fait des rigoles. Tu vois, je rigole. Tu es rassuré ? C'est bien. Je vais bien. Bien sûr. Pourquoi voudrais-tu que je sois mal ? Parce que je me tais ? Mais non, regarde, j'ai les mots qui crient ! Hi hi ! Comment ? tu me trouves amère et acide ? Le soleil me mûrira, va, je le sais bien. Tous les fruits mûrissent, même les poires dont j'aime tant la verdeur. C'est l'été de ma vie. Et je hais les hivers.
Je t'écrirai en automne.
Quand je serai bien vieille le soir à la chandelle... je relirai encore ceux qui m'ont portée dans leur poésie écartelée de leurs vies.  Et j'écrirai. Des mots tremblants et doux comme mes cheveux blancs. Je tracerai des sillons tendres comme des rides, peindrai à l'aquarelle pour tout estomper. Quand je serai vieille et que je serai fatiguée. De me cacher d'avoir mal.
Avant. Quand je ne savais pas les hivers.

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19 juillet 2006

Las arondas

Dédiée à un ami, qui est fasciné par les hirondelles (...)
non non et non, moi je suis une mouette, pour ceux qui se posent des questions, n'est-ce-pas M. Rebert ? Je devance ainsi votre commentaire du style "qui c'est celui là encore ? " Autre chose, vous avez vu, combien oh facilement vous avez compris que las arondas ça voulait dire les hirondelles ?
(...) cette courte poésie traduite de l'occitan (par son auteur).

Ah ! il y en a qui se sont réveillés au fond... "elle a des lectures bizarres, la mouette", j'ai entendu ! En réalité j'ai un ami (bizarre, je suis bien d'accord), qui adore fouiller dans les vieux livres. Et quand il pense vieillerie il a toujours une pensée pour moi.(...) Attendez, là, je viens d'avoir une révélation. (...) P'tain, il va se le recevoir dans la figure, son livre, ça ne va pas tarder.
Mais non, Mandraxx, toi c'est pas pareil ; tu m'as offert du théâtre de La Fontaine relié de cuir craquelé par le temps, tout emballé joliment, avec la plus adorable des dédicaces ! L'autre là, c'est un rustre qui me le prête juste, son bouquin !

Bref, revenons-en à la dédicace ; je pensais donc que son crayon (...)
à l'ami, pas au poète, le crayon. Et pas de commentaire oiseux du style "c'est un stylo, pas un crayon, qu'il a dans la main". Je le sais, c'est moi qui l'ais prise, la photo. C'est pour faire joli que je dis crayon, parce que on ne "croque" pas au stylo, m'enfin, quoi. Vous êtes dans une note poé-ti-que. Voilà. Donc on fait comme si tout était vrai.
(...) qui tente toujours de les croquer
(...)

Secret_d_hirondelle

mais non, pas les crayons, faites un effort, je parle des hirondelles.
Quoi ? Vous êtes fou ou quoi ? pas pour les manger vivantes ! Les croquer  = les dessiner

(...) n'était inspiré que leur vol si enjoué.
le vol des hirondelles, pas des crayons, bien sûr. Mais je sens maintenant que vous me suivez parfaitement. Puisque j'ai mis en gras et gros le texte à suivre d'un seul trait. Pour les cancres du fond, là bas.
Je sais maintenant
ben oui, je sais depuis que je l'ai lue, la poésie. Avant je le trouvais juste romantique avec les oiseaux, l'ami.
qu'il porte en lui le secret des hirondelles,  tout simplement.

Et voilà, j'ai dévoilé une part cachée de toi. Tu es piégé, ami, tout le monde (...)
( enfin...qui me lit, ça fait... pffff...presque un peu de monde... mais je ne suis pas là pour parler de mes statistiques, hein !)
(...) donc, tout le monde va désormais connaître ton secret.
Tu disais ? Pour que j'efface la note ? Combien ? Non, non, ce n'est pas assez.... hé hé....

Le secret des hirondelles

Seules dans la clarté du ciel. Noyées dans sa joie.
Et bâtisseuses, sous les tuiles, de leur nids.
Avec, toujours, au fond de la tête, cet espace sans fin du grand voyage, au-dessus de la mer.
Vers le désert, vers les blanches maisons éblouissantes, vers les palmes, vers l'eau tranquille de l'oued.
Ce choix entre deux mondes si différents.
Dont l'un est toujours le paradis de l'autre.
Et ainsi de suite.
Jusqu'à l'absence.

"BESTIARI" (Bestiaire) de Max Rouquette
Sophie Lambert, ma peintresse québécoise vient de m'envoyer par mail ses hirondelles à elle ! LES_HIRONDELLES

Et, pour le plaisir, parce qu'elle m'enchante.....
Le dire de l'araignée
     Je ne suis rien, je ne suis rien.
Rien qu'un défaut dans la lumière,
     rien qu'un petit flocon de laine,
flocon de fils dans la lumière.
     Je ne suis pas grand-chose.
De salive je fais des constellations,
     nébuleuses au fond de la lumière.
Sombre dans la lumière où tout est clarté
     et tout est lumière autour de moi.

18 juillet 2006

Hot-line

Je voulais lui écrire une jolie lettre, accompagnée d'un plan plus complet que celui de Mappy ou Via Michelin. Pour trouver mon île.
Je voulais lui écrire les poésies en silences, les mots tendres et sensuels. Et les mots crus. Et les musiques qui égrennent la peau comme tapis de grains de riz.
Et cueillir la folle avoine et le coquelicot fragile pour lui en faire un  beau bouquet.
Je voulais fermer les yeux et lui parler de la première étoile dans le ciel, que je vois, qu'il voit.
Je voulais l'emmener en voyage. Et dormir avec lui, au bord du ruisseau. Et oublier les cigarettes.
Et...

A cause de lui, je viens de rater le forfait SFR qui m'aurait convenu.
Trois numéros favoris. Je n'en ai que deux.
A cause de lui, je vais payer plus cher l'hôtel.
La publicité est claire ; partez à deux payez pour un.
A cause de lui je grille sur cigarette sur cigarette.
Même la nuit. Je ne tousse pas, moi.

Grâce à lui je fais des économies.
Je garde mon forfait limité.
Grâce à lui j'aurai des plaisirs champêtres, et dormirai en gîte.
Et je n'userai pas mon graveur à CD. Même pour ma compilation.
Grâce à lui je n'use pas les rasoirs pour le poil aux pattes.


Voilà, il est content l'inconnu ?
Le monsieur caché qui ne sait pas le numéro de la hot-line haute-ligne sur laquelle repose une mouette ?
Le fantôme du placard de l'hôtel ? (ça c'est une blague à trois francs six sous de mes gamins, ils lui raconteront)
Le quinqua planqué qui est allergique au tabac, mais pas à moi ?
Le patient qui aurait des petites nattes à tresser sur mes mollets ?

P.S : ceci est une réponse à Mth et un de ses commentaire ; "Je te lancerais bien un Défi ... "Devenir un homme, un quinqua craquant, libre et prêt à remonter le Canal du Midi à la rame à tes côtés et plus si affinités et... t'épouser en CDI renouvelable par tranches de rires... Tu prends ?" Tu sais quel est le seul problème Mth ? Je ne sais pas encore comment faire pour me transformer en homme.
P.S (2) ; ceci est une réponse à Madison qui a parlé avec moi ce matin du dernier forfait SFR qu'elle voulait me fourguer. Et de l'annonce qu'elle me voyait bien publier sur mon blog après m'avoir entendu pleurnicher que le  3ème numéro, j'en avais pas.... Tu es contente, Mad' ? tu l'as lu, j'ai bien écrit "hot line".... Et non, je n'ai pas écrit tout ce dont on a parlé entre deux crises de rires... C'est mon blog à moi que mon image, à moi, si j'arrive à savoir ce qu'est vraiment moi, transformé par mes mots à moi.... Bref, tu n'as qu'à la faire chez toi, la marieuse d'une mouette !!!! Non mais !

17 juillet 2006

Réveils

Le réveil sous la lumière crue me plongea dans la terreur. J’étais là, écartelée, sous cette violence blanche.
Je m’étais endormie dans la douceur du soir. Même si les étoiles n’étaient pas là pour me tenir la main. C’était l’hiver et le ciel était couvert.
Je n’avais pas compris que je me réveillais, c’était cette terreur qui m’avait écarquillé les yeux. Il y eut ce hurlement de sirène. Et les pas vifs qui résonnaient. Et le sang que je devinais par l'écarlate. Des tuyaux que j’avais arrachés. Tous les tuyaux. Les sondes; gastriques, urinaires. Les cathéters. Comme une démente, certainement, je m’étais dépouillée en quelques secondes, arrachant, déchirant. Mais je ne sentais rien. J’étais incolore et inodore. Nue, dans la salle vitrée, sous la lumière crue. Dans la terreur encore. Avec mon hurlement.
Ce « non » qui me poursuit encore aujourd’hui, trente ans après.
Puis je me suis tue..
Je me suis éveillée dans un lit avec de vrais draps. Avec une petite perfusion que je n’ai pu que regarder, parce que j’étais soigneusement attachée de bracelets de cuir.
Les bracelets de cuir, c’est étrange. Ça me maintenait. Même les chevilles.
Les bijoux me pèsent.
Je me suis réveillée. J’ai compris à ce moment là. Que je n’avais bien sûr pas réussi. A mourir. Et que j’étais là pour qu’ils m’aident à me guérir de ma douleur de vivre.
Ils m’ont expliqué. Que le dortoir là, c’était une salle dans un hôpital psychiatrique.
Voilà.
J’étais entrée dans mon enfermement.
Mais je ne le savais pas encore. J’émergeais de mon coma, je ne comprenais pas tout. Pas encore.
Il y eut la première visite. Combien étaient-ils ? Cinq, six, derrière le professeur. Celui qui parlait.
« Bonjour, alors, on s'est décidé à être raisonnable ? On va parler maintenant ? »
Tenez, là, je souris en écrivant ces mots. Elle a eu raison de me dire d’écrire cette histoire. Pour savoir ce que je pense. Parce que, en noir sur blanc, j’ai l’impression de décrire un interrogatoire sous la torture. Sauf que la voix était normale et les coups seulement dans le regard.
Les jours passaient.
Je me taisais.
Et ils revenaient. Pour la visite du jour du lendemain.
« Bonjour, alors, on s'est décidé à être raisonnable ? On va parler maintenant ? »
Et, pour me prouver qu’ils avaient raison de me laisser là, dans mon lit n° je ne sais combien, un jour, j’ai crié. "Avaient-ils des cacahuètes à lancer au singe à qui l’on rendait visite ? "
Le professeur n’a pas été content. Ni de mon agressivité, ni des sourires des externes et des internes en blouse blanche.
Alors il prit le seul livre que j’avais toujours sur moi. « Anthologie de la poésie française » de G. Pompidou. Et il me le confisqua. Parce que « la poésie ce n’était pas indiqué dans mon cas. Cela me donnait des idées noires ».
Il me connaissait bien, le professeur. Tous les jours j’allais au rendez-vous fixé. Et j’attendais que l’heure s'écoule [tic-tac - tic-tac]. Sans un mot. De quoi lui parler, à ce monsieur ? Je n’en savais rien, moi.
Est-ce que ça l’aurait intéressé de savoir que ma vie n’était pas digne de la vie ?
Puis un jour, lasse de ce dortoir aux dizaines de lits bien alignés, préservant notre intimité d’un rideau, un jour, je suis partie. En rampant devant la porte des infirmières. Un jour où certains avaient de la visite.
Mais ils m’ont rattrapée. Deux heures après. Parce que la police savait que j’étais dangereuse pour moi. Et que c’était l’hiver et que j’étais en tee-shirt. Et en pantalon. Et que je n’avais pas d’argent. Je marchais. Tout simplement je marchais. Et l’ambulance est arrivée.

Je ne me souviens plus très bien après. Parce que j’ai dormi. Après la piqûre.
Puis je me suis réveillée.
Je me suis souvent réveillée dans cette histoire.
Je n’étais plus au même endroit. Ils m’ont expliqué. Que j’étais dans le même hôpital, mais en service fermé. Puisque de toute façon je n’avais personne dehors. Que j’allais être majeure bientôt, mais que, pour l’instant ma famille préférait que l’on me soigne. Et que l’on ne pouvait pas me faire confiance.
Je n’ai pas su pour mes parents. Ils me l’ont dit assez tard. Et les années qui ont passé ont du flouter des tas de souvenirs ! Il semble qu’ils m’avaient écrit, mais que leurs lettres n’étaient pas bonnes pour moi. Et qu’ils ne voulaient pas me les donner.
J’étais réveillée.
Et en colère. Mais ils l’avaient bien deviné, c’est leur métier. Alors ils m’ont laissée attachée. Oh, ne vous inquiétez pas, je pouvais bouger, m’asseoir. Mais pas marcher. Ou alors avec une infirmière, qui me regardait faire pipi ou prendre ma douche. Là, devant moi.
Je ris, parce que je viens de comprendre pourquoi il m’a fallu tant d’années pour prendre une douche avec un homme !
Je n’avais plus d’habit, juste la blouse verte, ouverte, et un slip, pour préserver mon intimité. Mais plus de stylo. J’avais le droit au crayon. J’aime beaucoup les crayons à papier. Je collectionne même les rogatons de crayons ! Avec tendresse, allez comprendre !
Mais j’ai vite compris que je ne pouvais pas écrire.
À cause des tremblements. Mes mains ne pouvaient plus tracer, elles tremblaient avec une frénésie qui me donnait l’envie de mourir de ne pouvoir les aider.
Je crois qu’ils avaient compris que j’étais vraiment très dangereuse pour moi. Et qu’il fallait beaucoup m’apaiser. Alors j’avalais les gouttes [plic-plic] et les comprimés. Et j’ouvrais la bouche après. Au début elles passaient le doigt dedans, palpant les joues. Après elles ont arrêté. Il faut dire que je ne bougeais plus beaucoup. Peut-être même que la lumière avait disparu de mon regard.
Ou alors mes yeux avaient gravé dans leur iris les barreaux des petites fenêtres.
J’étais devenue inoffensive, je crois. Je me taisais. Regardais le ciel. Tout petit là-haut. Je connaissais par cœur le bruit des clés dans les serrures.
Depuis mon ... quelque chose se serre en moi quand je passe devant une prison.
Je regardais mes mains qui tremblaient.
Tiens, c’est drôle, je ne fumais plus et ça ne me manquait pas.
J’attendais. Même pas la mort. J’attendais le temps qui passe. Et le temps passait.
Un mois. Deux mois. Trois mois.
J’ai eu 18 ans. Ils me l’ont dit.
 

Puis il y eut Ismaël, l’interne. Qui restait de plus en plus souvent assis à mes côtés. Qui m’apporta une chemise de nuit, dans un joli paquet-cadeau. A petits carreaux Vichy. Qui me dit que j’étais jolie ainsi. Qui me donna le goût de parler un peu mes silences. Avec lui. Je ne sais plus de quoi ils parlaient, mes silences. Mais ils étaient avec lui. Qui regardait mes mains trembler. Je commençais à les cacher quand il venait.
Puis il lut mon dossier.
Bien sûr, que j’étais dangereuse.
L’année précédente j’avais avalé une vilaine bouillie. Parce que déjà, je trouvais que ma vie n’était pas digne de la vie. Alors j’avais avalé la pâte blanche. De 700 comprimés d’aspirine. Ceux qui sont dans le milieu médical doivent rire ! Je connais maintenant la dose létale. J’en étais excessivement loin . Dans le trop. Mais bon, cela ne m’a pas tuée. Juste fait vraiment souffrir durant quelques mois. Et puis, il y a 30 ans, ils n’aimaient pas les jeunes filles qui faisaient cela ! Ils leur faisait payer lors de soins, pour leur apprendre.
J’ai appris.
Que je pouvais vomir la paroi de mon estomac en lambeaux et quelques flots de sang. Que je pouvais avoir une dialyse et être si résistance que les reins se relancent. J’ai appris l’ulcère qui perfore et vrille . Et la peur de manger. Et le tuyau endoscopique avalé sans calmant parce que « je n’avais qu’à pas ». Mais tout ça est maintenant du passé. Je n’ai plus mal. Tout cicatrise. Et cela m’a été utile dans la vie, parce que je suis devenue dure à la douleur.
Mais qu’ils pourront crever, et moi avec, avant de me faire une endoscopie.
Mais bon, dans le dossier, c’était marqué noir sur blanc que j’étais dangereuse. Parce que j’avais fait ça très minutieusement. Tout bien calculé. Sauf la visite surprise. Et ils m’ont trouvée à temps (c’est ce qu’ils ont dit. Le temps me poursuit depuis.). Avec de la mousse rose autour de la bouche. Parce que je n’avais même pas eu besoin de tuyau pour vomir.
Et j’entendais vous savez. Dans le coma. Les affairés, les blouses empressées. Je riais dans ma tête aux yeux clos. Je leur répondais silencieusement vautrée dans une léthargie que j’aimais ; « mais je sais tout ça, je sais ! Pourquoi croyez vous que j’ai choisi cette pâte là ? Vous n’y arriverez pas, c’est trop tard» Ce ne fut pas trop tard. Je me souviens de mon transfert dans l’ambulance, dans un autre hôpital. Et de moi, qui leur disais « mais vous êtes du mauvais côté de la route, et arrêtez cette sirène, les gens dorment »
Bon tout ça était du passé, dans un dossier. Qui détenait la clé de cette prison où je regardais mes mains trembler. Et où j’ai appris à ne pas pleurer. Durant 15 ans (la durée, non de mon enfermement, juste de mon oubli des larmes).
Après j’ai guéri aussi de ça.
Ismaël a été celui qui a ouvert les portes de cette drôle d’endroit où j’aurais pu rester longtemps, si longtemps que j’en aurais oublié jusqu’à mon prénom.
Ismaël est tombé amoureux de moi. De "moi-femme" ou de "moi-malade", je ne sais pas, en réalité.
Il a contesté les doses prescrites, l’enferment, l’absence de soins. Il a remué, a couru le risque d’avoir un très mauvais rapport de stage. A menacé de faire rédiger un article sur moi par une amie à lui, journaliste à la Dépêche du Midi. C’est le journal du coin… je suis passée à côté de la célébrité !
Il lui ont fait signer une décharge. J’étais prise en charge. Par un homme.
Je me demande si je ne suis pas toujours à la recherche de celui qui me sauvera de cet enfermement plus important que la camisole la plus solide. L’attente de l’autre. Qui me délivrera de moi.
J’ai vécu deux ans avec Ismaël.
Les débuts furent terrifiants. J’étais en manque, voyez-vous, comme la pire des droguées. Il me donnait des comprimés, me tenait par la vie. Parfois, quand c’était trop dur, j’avais le droit à une petite piqûre. Je l’aimais, cet homme là, qui me soignait. Qui me parlait, qui m’aimait, malgré ce que j’étais. Qui me tenait par la main pour traverser les rues. Parce que j’oubliais de regarder. Qui m’écoutait répéter à voix basse, en tantra qui m’empêchait de sombrer ; « La Garonne coule dans Toulouse ». Quand je perdais pied.
Ces mots là devenaient alors la seule chose vraie.
Plus tangible qu'une réalité que mon esprit aurait pu déformer.
Ces mots étaient une vérité. A laquelle je me raccrochais.


Maintenant je n’ai plus besoin de tantra.
Je sais les vérités et les réalités.
Je n’ai plus jamais avalé un comprimé qui ait une action neurologique.
Et je ne supporte pas l’aspirine. (mais non, Estomac, je ne t’en veux pas, tu sais).
Mais je continue à crier ce « non » , que je n'entends pas, au moment où je sombre dans le sommeil.
Ce « non » que j’ai hurlé quand ils m’ont réveillée.
Pardon à vous, les hommes de mes nuits, de ce « non » qui vous glace si souvent.
Parfois, quand je suis si bien au creux de vos bras et rassurée de votre amour pour moi, je ne crie plus.
Et vous en êtes heureux.


En souvenir d'un enfermement.

16 juillet 2006

Mais non, il ne fait pas trop chaud...

Fra_cheur

15 juillet 2006

Pistou pour l'Insa

Mon fils,
je sais, je sais, quand on a deux fils et deux filles, il est parfois difficile de savoir duquel on parle...
Mon ado-fils,
tu as 17 ans. Depuis trois ans, tu mènes tes études au lycée de façon à atteindre ton but.
Depuis un an et demi, tu tisses avec ta demoiselle de coeur une histoire belle et forte.
Des écoles que tu avais choisies pour tes études à venir, tu viens d'avoir les résultats. Tu es admis à ton premier voeu, l'INSA (Institut National des Sciences Appliquées) à Toulouse. Ce qui va te permettre de rester encore parmi nous (ce que tu souhaitais), et pas loin d'elle (ce que tu désirais). Tu peux être fier de toi, et d'elle aussi. Parce que tu as su faire des choix, et qu'elle a su ne jamais te demander d'y renoncer, puis te donner les moyens de les réaliser.
Tu sais aussi que j'aurais eu beaucoup de mal à gérer deux enfants en études supérieures si tu avais du partir loin d'ici, et je sais que tu as tenu compte de ma situation. (Mais j'y serais arrivée, tu le savais aussi ! )
Ta grand-mère n'a pu résister à me parler de ton grand-père, dont tu as hérité du caractère et de la volonté. Ton fameux Papy-Robert ! C'est vrai, je sais qu'il aurait été fier de toi, surtout avec ta spécialité en physique ; le seul petit-fils à avoir eu ce même penchant que lui. Quelle tête de mule celui là ! Quand il avait 16 ans, son père a voulu le faire rentrer comme cheminot... son sang n'a du faire qu'un tour, tel que je le connais ! Il a donc décidé de se prendre en main. Et a réussi, bien évidemment. De la seconde, il est passé en terminale, zappant une année, et a réussi les deux bacs tentés. Non, il n'était pas surdoué, juste diablement intelligent et doté d'une volonté de fer. Voilà, c'est aussi ton histoire, cela.
Même si ton caractère bien trempé me flanque parfois de la flotte dans les yeux, je me dis que c'est ta façon de m'aimer que de vouloir me remuer un peu trop fort !
Bonnes vacances, fils, en compagnie d'elle. Profitez-en bien... l'an prochain une année bien remplie t'attend !
Et dans ma cuisine le fait-tout bouillonnera de ton plat préféré... des pâtes... encore des pâtes... toujours des pâtes...
Tient, il faut que j'aille faire du pistou, le basilic est magnifique ! Je vais en congeler, et aurais une pensée pour cette note là, quand tu en mettras une grosse cuillérée dans ton assiette, tout en râlant contre tel ou tel prof....

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