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Motus et bouche cousue
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10 janvier 2006

Ptits bonheurs

Les glands tombaient des chênes. Il faisait encore nuit. Juste être là, le nez au vent, sur mon vélo, le nez dans l'air frais, le long du jardin public bordé de chênes immenses. Et les glands tombaient. Comme les notes claires d'un xylophone, sur les carrosseries des voitures en files d'attente.
Les piétons hésitent sur le trottoir mouvant,  film en noir et blanc, où un sac de billes se serait renversé au sol. Des craquements accompagnent la partition des chênes qui se déshabillent. Même le coq y va de son trémolo rigolo. J'adore ces minutes là. Oui, à Toulouse il y a des coqs qui cocoriquent et des paons qui léonnent. Et moi, qui longe cette vie, sur mon vélo.
J'aime cet instant quotidien. Cette ballade matinale de mes semaines. Croiser du regard les fenêtres allumées. Toujours les mêmes. Sourire à celle qui fume sa cigarette sur son balcon minuscule, avec son mug à la main, son peignoir immuable. Entendre dans la ruelle, à gauche, la sonnerie de ce radio-réveil qu'un dormeur a du mal à éteindre. Tous les matins.
J'aime partir à la même heure. Me réveiller avec eux. Croiser le camion-poubelle, les voir aussi ravis que moi de notre rencontre. Eux qui crient qu'"elle est là", coincée dans la rue trop étroite. Le chauffeur qui se serre et nos mots vifs de sourire pour la journée à venir.
J'aime passer le pont qui surplomble le canal qui fume quand il fait froid. Et lancer un regard aux péniches. Et rouler le long de cette avenue bordée de platanes aux troncs d'écorces blanches et brunes.
J'aime l'odeur du pain qui cuit quand je file devant la boulangerie, et les pas-encore-petits-vieux -mais pas loin- qui ont déjà leur baguette et leur quotidien sous le bras. La casquette sur la tête.
Ces instants là, ils sont comme des petits bonheurs. Simples et précieux. Plus précieux encore de penser parfois à ceux qui affrontent déjà les premiers embouteillages sur le périphérique, dans leur caisse de métal, ceux qui attendent leur métro dans un sous-sol aux néons cruels.
J'ai de la chance et je le sais. De ma ballade quotidienne sur mon vélo, de mon regard folâtre qui ne cherche rien, et surtout pas une place de parking dans la ville saturée d'automobiles.
J'ai de la chance d'avoir des jambes qui aiment danser la gigue avec moi, tous les matins, à la même heure.

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Commentaires
P
j'aime beaucoup ce texte et les petits bonheurs que tu racontes. Pour ce qui est du vélo : je te le laisse. le mien a du servir 2 fois et rouille sagement dans un coin du garage.
D
Dernière balade en vélo le 20 mai 2004, je m'en souviens comme si c'était hier: Viens m'ont ils dit, cela te fera du bien (tout juste 2 mois que Dia-blottine était parmi nous), on part tous (30 copains/copines avec enfants)faire une petite balade sur la piste cyclable!" "Ok"<br /> Petite balade, tu parles: 80 km alors que je n'étais pas montée sur un vélo depuis 20 ans! Mais même pas mal aux cuisses ou aux bras mais au popotin! Depuis je me méfie je demande à voir l'itinéraire et me renseigne s'il y a un délestage quatre roues de prévu!
M
*Laouen, un oiseau se doit de péd'ailer, pour sûr. Mon vélo est moins speed que le tien, avec ses sacoches et son panier qui brinquebale dans tous les sens !<br /> *Syl, la brioche chaude et fondante est un pur ptit bonheur pur beurre.<br /> *Zacki, tu ferais de très belles photos de mon canal ! Même si les chemins de halage ne voient plus passer de chevaux. "Aisselles" te font dire qu'elles ont été oubliées par Elle, mais que comme ça a l'air de te tracasser ces histoires, Elle va y remédier. Pour quoi tu pars en courant ?
Z
Que tu m'as complétement détendu le neurone avec ton histoire de vélo, de glands et de canal qui fume. Que je respire déjà comme ca le bon air du petit matin que c'est autre chose que les histoires de pieds, de ventre et d'aisselles des autres jours...<br /> (non pas taper la tête...)
S
hum l'odeur du pain qui cuit....je l'ai à domicile depuis qq mois; et je me demande pourquoi je n'avais pas sauté le pas plus tôt; car parès l'odeur il y a la saveur<br /> Se faire réveiller par cette odeur...ou celle de la bricohe qui finit de cuire, c'est un vrai petit bonheur !<br /> <br /> Pour le vélo, son dernier voyage fut l'Irlande. Depuis il rouille :(
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