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Motus et bouche cousue
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5 novembre 2005

Pour Toi

La ptite était tombée. Elle n'avait pas vu le caillou au travers du chemin. Il faut dire que la ptite gambadait toujours le nez en l'air, la tête penchée. Elle allait en sautillant, laissait à ses pieds le soin d'avancer sans faillir.
La ptite était tombée. Elle pleurait en silence, tenant son genou replié contre sa tête. Il n'aimait pas la voir pleurer sans rien dire. Il détestait ses larmes silencieuses. Cela voulait dire qu'elle avait mal. Quand elle se cognait, toute la maison entendait ses cris. Pour un simple bleu. Mais là, elle ne bougeait plus, pleurait doucement, recroquevillée. Il se pencha vers elle, tenta de déplier doucement ses bras croisés autour d'elle.
La ptite le regarda, de ce regard qu'il détestait, les yeux écarquillés de peur. Mais non, je ne vais pas te faire mal, allons, laisse-moi regarder, s'il-te-plaît. N'ai pas peur. Tu sais bien que je ne veux pas te faire du mal. Jamais. Regarde, je souffle d'abord, tu veux bien ? Elle reniflait un peu, ses épaules secouée de quelques sanglots encore. Il prit un mouchoir pour lui essuyer les joues, pour moucher son nez. La ptite se laissait faire, oubliait sa douleur.
La plaie était vilaine ; il n'aimait pas ça. Il faudrait nettoyer, frotter un peu. Elle aurait mal, c'était sûr. Alors il la pris dans ses bras. Elle se pelotonna, et il sentit son coeur qui fondait de la sentir s'abandonner.
Il lui donna un bonbon avant de commencer les soins. Il fallait le faire. Prendre un coton et fouiller un peu la chair éclatée. Mais elle ne disait rien, le regardait en suçotant son bonbon.
Il attrapa le mercurochrome. Hésita, détestait l'idée de ses doigts qui seraient eux aussi rougis. Il avait passé l'âge d'aimer se tatouer de rouge, et portait encore des pigments de la peinture des volets incrustés sur ses mains. La ptite aimait ça, que ses blessures se devinent du premier regard, que tout le monde voit comme elle s'était fait mal, et aussi le sparadrap avec un dessin dessus. Elle se sentait mieux, malgré la brûlure de l'eau oxygénée. Il avait soufflé longuement, lui avait caressé la tête, tentant de remettre de l'ordre dans ses mèches. La ptite sourit, le voyant hésiter, le flacon à la main. Elle lui murmura en souriant ;  Mamie dit qu'il suffit de prendre le coton avec une pince à linge, tu sais.... Il la regarda avec fierté, avec un amusement non feint. Elle était rigolote, sa ptite, si sérieuse et mutine à la fois. Il l'aimait. Et le lui dit.
Elle le regarda droit dans les yeux. Et éclata de bonheur. Moi aussi, je t'aime, très grand beau et fort, tu sais.

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Commentaires
M
Tes "yeux pensants" se rappellent à mon souvenir, Dia. Il y a des regards que l'on n'oublie pas. Tu sais lire ce que j'écris.
D
C'est la façon dont tu as "extirpé" tes mots qui est belle pas l'histoire.<br /> J'ai lu tes mots, entre tes mots et derrière tes mots mais ai-je bien lu...
M
Dia, je ne saurais jamais si tu lis les mots ou si tu lis derrière mes mots....
D
C'est beau...
É
comme ça si tu me réponds poar mail je serai avisé en temps réel sur mon portable ... 7000kms d'hexagonie c'est loin... tu fais le lien avec le piquant et la couleur<br /> bisou
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