Mon ange gardien
Parce que le froid ne me fera pas faire pipi des glaçons. Parce que j'aime partir le nez sous le casque (et la minerve encore au-dessous, pour me tenir vraiment chaud!...). Parce qu'elle, amiequej'aime, va rouler, et moi, m'accrocher. Parce que marid'elle va parfois prendre le relais, et que je pourrai jouer à leur faire des pieds de nez, puisque je ne conduirai pas. Je serai là, à ne penser à rien, à regarder les brumes dans les vallées, à suivre les mouvements de leurs motos. Parce que j'ai de la chance de les avoir, ces deux là ! Surtout elle. Toujours là. Pour ravigoter mon coeur, secouer mes certitudes, ébranler mon intuition, me flanquer de terribles pâtées au Scrabble, me moucher le nez ou me donner les conseils les plus judicieux qui soient. Parce qu'elle a toujours su mieux que moi certaines choses. Sans boule de cristal pourtant. Tenez, lui, là, qui séduisait pourtant tant de monde, et bien... le premier jour, malgré le champagne qu'elle adore, le repas délicieux, malgré mon sourire ennamouré, et bien, elle... m'avait annoncé, sans prendre de gants, parce que je suis ton amie, et même si tu paraîs toute heureuse, et bien.., il a quelque chose qui ne me plaît pas chez lui, mais je ne sais pas encore quoi, alors je veux que fasses attention à toi. (j'autorise So à sourire, elle a le même don, manifestement)... Bien sûr je ne l'avais pas écoutée... bien sûr elle a mouché mon nez entre deux sanglots, après, en rajoutant je te l'avais dit, bon sang... Il faut dire qu'elle a eu une drôle d'enfance amiequej'aime, l'enfance sans nom des enfants abandonnés, trimballés de famille d'accueil en centres de transit, ballotée, frappée parfois. Et ça lui a forgé l'âme divinatoire de la violence, même cachée, chez les autres. Elle la sent. Sait quand l'apparence est si bien agencée que personne, hormis elle, ne verra le rouge de la violence. Alors, maintenant, quand elle "sent" quelque chose... et bien je l'écoute... Parce que je crois bien qu'elle m'aime et qu'elle a l'âme d'un ange gardien. Le mien. Et quand elle m'assèna, vendredi, entre deux mots à 66 points, que, tu vas lui écrire, parce que tu as tout ce que tu mérites, planquée derrière ta muraille, comment veux-tu qu'il sache que... Oui mais, tu sais, peut-être que .... maintenant, c'est à mon tour de jouer, tu y vas, nom de nom !... Et qu'elle avait encore une fois raison... Parfois, j'aimerais bien qu'elle se trompe un peu... rien qu'un peu... pour qu'elle arrête d'éclater de rire en me disant tu vois, je te l'avais bien dit....