Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Motus et bouche cousue
Derniers commentaires
Archives
17 septembre 2005

Notre adieu

C'était cette après-midi. Que nous étions tous réunis pour l'adieu. Il y avait des milliers de fleurs, toutes des couleurs que tu aimais ! Des jaunes et roses pâles ! C'était magnifique ! Sur ton cercueil j'avais posé cette photo qui vous unissait dans un même sourire, ta fille et toi.
Aujourd'hui j'ai rencontré ta mère et ta soeur (elle te ressemble tant...). J'ai pu mettre un visage sur elles, avec qui tu n'as pas voulu faire la paix avant de partir. J'ai rencontré leur douleur. J'ai pris dans mes bras leur chagrin si violent. De plein fouet, tu sais.
J'ai menti, encore et encore, tentant de leur apporter cet amour que tu leur avais refusé. Ai mis sur le dos de ta maladie ce que tu avais en toi de refus d'elles. Car tu es partie en leur refusant ton adieu. Et elles ne se le pardonnent pas. Que tu ais refusé leur pardon. Oui, elles ont mal, si mal. Alors il me fallait mentir.
Je sais, moi, combien tu étais lucide pourtant en le refusant. Je le sais bien. Nous en avions parlé. Cela me blessait que tu aimes ton Dieu plus que leur amour. C'était une guerre de religions que vous meniez. Vous ne pouviez parler de ce même Dieu dans l'amour. Mais pourquoi ? Pourquoi n'en étiez-vous pas capable ? Moi je n'y crois pas à votre Dieu, vous le savez bien,  je ne crois qu'en l'homme. Et en l'amour de l'autre. Alors je n'ai pas peur de mentir, par amour.
Je sais, moi, que tu t'es battue dans tes dernières heures contre elles. J'étais là. Et je n'oublierai jamais. Tu souffrais de ce pardon que tu refusais d'offrir.
Je leur ai menti, tu sais. Je leur ai parlé de ces derniers instants, de ton "sourire aux anges" quand tu as laissé le dernier souffle s'échapper. Elles en ont été si heureuses. De te penser en paix. Toi qui ne l'étais pas.
Je m'en veux de ne pas t'avoir donné la force d'accepter le pardon. Alors maintenant je ne m'en veux pas de mentir. Qu'elles aient en elles le mot de "maladie" à la place du mot "refus".
Les prêtres (oui, ils étaient trois, ton Dieu avait beaucoup d'importance pour toi, ils sont venus) m'ont fait lire une poésie, ils acceptaient que mes mots ne soient pas les mêmes que les leurs. Ils m'ont montré que l'amour était leur vie. Et quand cette chanson a résonné dans l'église... Je craignais un peu leurs réactions, cela change des requiem ! mais c'était pour elle, pour sa fille, nous en avions déjà parlé. Elle voulait que je la chante ! Déjà qu'il est difficile de l'écouter sans pleurer ! alors la chanter ! Non ! J'ai tenu ma fille dans mes bras. Le papa a tenu sa petite orpheline dans ses bras. Et nous avons enfin pu tous pleurer un bon coup. Et les prêtres ont noté les références du Cd. C'était ma prière à moi, cette chanson, ils l'ont entendue...et ils ont compris qu'elle parlait d'un amour des hommes qui doit parfois être proche du leur.
J'avais besoin d'écrire tout cela. Besoin de dire que la paix vient de nous.

Publicité
Commentaires
D
Mille pensées...pour toutes les deux.
M
Tu sais Rainette, je comprends que tu n'ais pas envie de commenter certaines de mes notes. Mais j'ai tellement besoin de "parler" à quelqu'un de ce qui parfois me paraît si lourd à porter. C'est le plus difficile quand on est seul. Pouvoir parler, là; maintenant, de ce qui a tant besoin de se dire.
R
C'est dur... je ne trouve pas de mots
M
Berlioz, je crois que les églises manquent parfois aux règles de leur religion. Par exemple quand la police franchit leur seuil pour évacuer ceux qui s'y sont réfugiés. L'humanité, quel joli mot.
B
Je pense qu'il doit être difficile de parler de tout ça et, en même tant que c'est un soulagement. Je suis tout à fait de ton avis concernant le mensonge par amour, notion qui manque terriblement à nos églises. Il était important de soulager la peine des vivants. je te tire mon chapeau pour ce geste, non pas héroïque mais simplement empli d'humanité.
Publicité