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Motus et bouche cousue
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6 septembre 2005

Un piment, juste un petit piment

Madame Moi                                  à                                Jardinerie de Toi et Moi

Monsieur, vous avez reçu hier un courrier (de Monsieur Toi )qui m’a vraiment peinée. Oui, le piment incriminé, c’est moi. Oh non, rassurez-vous, je ne voudrais guère être poivron. Je préfère ma silhouette en virgule et mon parfum discret. Croyez-moi, monsieur, quand je compris la terrible méprise à mon égard, oh, quelle peine !, il était déjà trop tard ! Bien trop tard. Vous, vous seul pouvez me comprendre. Moi, petite graine, je fus l’objet de tous les soins de Monsieur Toi. Monsieur, si vous saviez comme il s’occupait de moi, me parlait de mots si doux. J’en rougis encore à leur souvenir. Ma parure, la moindre nervure de mes feuilles, rien n’échappait à son regard attentif. Et je m’empressais de ne pas le décevoir. Quand il m’appelait « mon petit poivron », je pensais alors qu’il s’agissait d’un mot doux. Oh, quelle peine, monsieur, d’être l’auteur et la victime d’une telle méprise. Quand il me saisit, me détacha délicatement de la tige … j’en rougi violemment, me sentai objet de son désir. Sa bouche me croqua. Oui, il me porta à sa bouche, ne tenta pas de goûter, il croqua. J’étais piquante, bien sûr, je suis un piment ! Comment me confondre avec un simple poivron, je vous le demande ! Je pensais qu’il m’avait reconnu. Mais ses mots me dirent le contraire. Oh, quelle peine ! Je me suis sentie bafouée, comme atteinte dans mon identité. Il but tant d’eau fraîche pour se laver de mon parfum… Puis voulut une autre bouchée. Il découvrait ce que j’étais. Je n’ai jamais cherché à le tromper, monsieur. Ma silhouette, vous ne pouvez que le concéder, est bien celle du piment, ma couleur, mon parfum léger mais piquant. Qu’importe maintenant, le mal est fait. Jamais je ne pourrais refleurir alors que les frimas vont revenir. Parfois il pourrait glisser mon pot aux rayons tièdes du soleil d’hiver, pour préserver mon feuillage. Mais refleurir ? Monsieur, vous le savez bien, je ne m’épanouis que fièrement, dans le vent et la lumière. Une serre parfois me leurre, mais je perds alors tout ce piquant qui fait mon charme ! Monsieur, je vous prie de ne pas vous sentir responsable de la requête de Monsieur Toi. La vie m’a fait m’égarer dans un sachet trompeur. Ne lui mentez pas. Avouez-lui la réalité des lois de la nature. Je ne vis qu’au soleil le plus vrai.

piment

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Commentaires
P
le piment tait le pis ment rouge <br /> le pis m'en tais le piment rouge<br /> pimentrouge
O
Voilà qui met l'eau à la bouche...
M
M. Coin-Coin, je reconnais, tout comme Phil (une éminence au scrabble), que vous avez le sens certain de la répartie. Vous n'avez pas choisi votre pseudo par hasard, êtes-vous canard transfuge, se déchaînant ici pour mieux vous enchaîner dans un hebdomadaire ? <br /> Le piment-oiseau s'envole à tire d'ailes (attention aux vapeurs brûlantes cependant).
P
voila un canard qui a de la répartie.
C
Un piment dans un blog de mouette, ça ne peut être que du piment oiseau.
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