Sa maladie
Comme je sors ce soir, je vous laisse ce message, qui devrait
vous toucher, mais je l'espère pas trop. Relativisons, mes amis, la vie
est bien plus difficile à tant d'autres. Ado à moi est un enfant en
pleine forme (c'est lui que vous avez vu faisant le "singe" sur une
échelle)...
...J'avais écrit il y a peu un texte dans l'idée de vous faire rire, c'était l'histoire de "l'erreur pas fatale",
et j'avais été surprise de vos commentaires si sérieux.. Je pense qu'il
aurait été plus juste qu'ils apparaîssent là, au bas de cette
histoire-ci...Lui, a eu du courage...mais il est vrai que vous ne
l'aviez pas encore lue !
Parce que, parfois, les enfants,
ça nous fait blanchir un peu des cheveux ; juste un, pour moi, en haut
de mon front! Souvenir de sa maladie, à mon costaud ado! Il avait
presque 12 ans quand on lui fit passer un scanner de la tête. C'était
bien une "cochonnerie", l'image le disait. J'aime bien ce mot du
chirurgien, il voulait dire, et être compris par jeune ado : il le fut.
Ado, d'ailleurs, parlait de sa maman-du-malade en se moquant gentiment.
Il me mimait, tirant profondément une bouffée de ma cigarette,
déchiquetant mes ongles, et disant "Tout va bien, si si, tout va bien
se passer"... Inutile de vous dire que tout n'allait pas bien du tout!
Mais
quand la maladie entraîne de grosses opérations, de grosses douleurs
aussi, et bien on vous prend toujours à part, pour vous dire que "Bon
là, il va falloir tenir le coup, il a besoin que vous soyez forte".
Alors on est forte. On dort plus très bien, on mange plus beaucoup,
mais "tout va bien". Saleté d'ado qui se moquait si bien de moi ! La
première opération le débarrassa de toutes les cochonneries qui avaient
envahi le dedans. On lui fit une jolie greffe. Ado souffrit beaucoup,
pas grand chose peut calmer ces douleurs là : fraisage de la boîte,
récurage de tout ce qui avait touché la "cochonnerie", prélèvement de
cartilage, d'aponévrose, il eut une jolie oreille bionique. Ado sut,
après, qu'il avait toujours souffert, avant, mais qu'il était habitué à
cette souffrance, qu'il ne la savait pas anormale. Maintenant qu'elle
avait disparu il était heureux. C'est pour ça qu'ado avait été un
enfant grincheux certainement ! Maintenant il est devenu bien
plus agréable...Surtout que pour la seconde opération (il en faut 2, à
un an d'intervalle), et bien j'ai demandé au chirurgien s'il pouvait
pas faire une greffe de cerveau tant qu'il y était! Si, il faut rire.
Aussi dans ces moments là, je vous assure.
Ado ne sera jamais
vraiment guéri, il le sait, mais il accepte sans râler trois semaines
de cure, il accepte de ne plus jamais connaître le plaisir de plonger,
de fendre les vagues. L'ado, je lui voue mon admiration de ne jamais se
plaindre. Même quand, bêtement, l'an dernier, je voulus lui offrir, à
lui et à ses copains, la dernière attraction psychédélique de la fête
foraine. Et bien il m'a dit, à moi, stupide mère, "Je ne pense pas que
je puisse, trop de pression, maman." Et quand j'ai eu les larmes aux
yeux de ne pas y avoir pensé, il a rajouté ; "C'est ma maladie, c'est à
moi à la gèrer, tu sais." Comment voulez-vous ne pas avoir un coeur
béant de fierté, de douleur aussi. Mais il a eu de la chance, et c'est
une grande force pour lui, de le savoir. De dire "On a trouvé avant que
ça n'aille trop loin. Les autres c'est quand ils tombent dans le coma,
cerveau touché, qu'ils découvrent la cochonnerie. Alors moi, je sais,
j'ai de la chance".
Je ne sais pas combien il aura l'an prochain en note de philo, mais je peux vous le dire ; ado sait penser.
Et c'est môa sa mère....