Erreur pas fatale
Il y a des erreurs qui vous sauvent la vie.
Cette erreur, je l'ai commise il y a 24 ans.
Ce
jour là, jeune femme, j'eus un "dérangement physique"
exclusivement féminin... N'ayant alors dans mon carnet d'adresses que
celle du médecin que je consultais 2 fois par an, je posais mon vélo
devant la première plaque laitonnée où la spécialité que je cherchais
était gravée. Ils étaient deux. Le mari et la femme, puisqu'un même nom
les caractérisait. C'était encore une époque où un secrétariat vous
attendait d'un sourire, et pas un standard téléphonique. La secrétaire
comprit l'urgence de la situation et m'invita à prendre l'escalier,
première porte à gauche.
Et je frappai à celle de droite...
Le monsieur qui m'accueillit me regarda fixement et posa une question qui me dérouta ; "Depuis combien de temps avez-vous ça
? ", en pointant un index vers mon cou. J'éludai la question
prestement, là n'était pas mon problème, et je le lui exposais en deux
mots. "Heureusement que vous vous êtes trompée de porte", fut sa
réponse. Et l'interrogatoire commença. Seul ça
l'intéressait. J'étais à l'hôpital quelques heures après. Je n'avais
pas eu le choix, il avait pris le téléphone et ma santé en charge, sans
me laisser le moindre choix.
Sous l'énorme appareil qui balayait mon
cou je dus patienter de longues minutes, me disait "pourvu que ce soit
bien accroché, sinon il va y avoir de la cervelle sur les murs". Le
joli dessin se traçait à côté de moi. Quand l'ébauche fut complète je
fus rassurée, aucun trait n'était déviant, le "papillon" était parfait!
J'aimai moins que l'on me dise de rester allongée, que l'on allait
chercher le professeur. Moi, un simple médecin m'aurait suffit!
Il
était homme mûr, homme de paroles, pas de ces pontes qui vous méprise
d'être autre chose qu'organes! Il m'expliqua tout. Et que le joli
dessin il ne montrait pas ce qu'il aurait du montrer si ça
n'avait été rien. Il téléphona aussi au médecin qui me voyait, et qui
disait que c'était rien, ce petit noyau, et il le traita d'assassin,
devant moi (ça c'est l'avantage des pontes, ça a moins la langue
de bois que les autres!).
Puis il me "donna" 15 jours. Pour préparer
ma vie à une absence qui serait peut-être longue. Il faut dire que
j'étais jeune maman tout juste divorcée. Cet homme là n'aimait pas
mentir, il savait que je saurai faire ce qu'il fallait si l'on me
disait la vérité.
Quinze jours. Ce fut suffisant ; j'organisais les
temps à venir. Le papa pleura, les amis pleurèrent, mais moi non. Je
devais être lucide. La vie est à vivre, pas à pleurer! D'ailleurs je
fis 15 jours de fêtes avec les amis!
J'eus beaucoup de chance. Ils
enlevèrent tout le gloubiboulga, me cloisonnèrent quelques jours
derrière des murs doublés de plomb. Ce fut moins drôle d'être au
sous-sol, enfermée, parce que les infirmières pesaient trois tonnes et
avaient du mal à bouger avec leur tablier plombé, et qu'elles ne
restaient pas trop, et que les amis n'avaient pas le droit de venir, et
que le ciel je ne le voyais même pas!
Et bien, vous savez la
chance ? Même si les cellules n'étaient pas bonnes, elles n'étaient pas
encore diaboliques!! Juste à temps, parce que le "dérangement physique"
qui m'avait amené là, il montrait que le gloubiboulga ça aime se répandre. La mauvaise herbe, ça résiste à tout! Et c'est vivace! La preuve, je suis là!
Le monsieur qui était derrière la mauvaise porte était l'un des 3 spécialiste de ça à Toulouse (maintenant il y en a beaucoup, un certain nuage qui s'est arrêté a du les faire se reproduire eux aussi).
Maintenant, le cancer de la thyroïde se guérit à 99%. Il y a 24 ans c'était l'inverse.
Il y a des erreurs qui vous sauvent la vie.