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Motus et bouche cousue
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13 juin 2005

Erreur pas fatale

Il y a des erreurs qui vous sauvent la vie.
Cette erreur, je l'ai commise il y a 24 ans.
Ce jour là, jeune femme,  j'eus un "dérangement physique" exclusivement féminin... N'ayant alors dans mon carnet d'adresses que celle du médecin que je consultais 2 fois par an, je posais mon vélo devant la première plaque laitonnée où la spécialité que je cherchais était gravée. Ils étaient deux. Le mari et la femme, puisqu'un même nom les caractérisait. C'était encore une époque où un secrétariat vous attendait d'un sourire, et pas un standard téléphonique. La secrétaire comprit l'urgence de la situation et m'invita à prendre l'escalier, première porte à gauche.
Et je frappai à celle de droite...
Le monsieur qui m'accueillit me regarda fixement et posa une question qui me dérouta ; "Depuis combien de temps avez-vous ça ? ", en pointant un index vers mon cou. J'éludai la question prestement, là n'était pas mon problème, et je le lui exposais en deux mots. "Heureusement que vous vous êtes trompée de porte", fut sa réponse. Et l'interrogatoire commença. Seul ça l'intéressait. J'étais à l'hôpital quelques heures après. Je n'avais pas eu le choix, il avait pris le téléphone et ma santé en charge, sans me laisser le moindre choix.
Sous l'énorme appareil qui balayait mon cou je dus patienter de longues minutes, me disait "pourvu que ce soit bien accroché, sinon il va y avoir de la cervelle sur les murs". Le joli dessin se traçait à côté de moi. Quand l'ébauche fut complète je fus rassurée, aucun trait n'était déviant, le "papillon" était parfait! J'aimai moins que l'on me dise de rester allongée, que l'on allait chercher le professeur. Moi, un simple médecin m'aurait suffit!
Il était homme mûr, homme de paroles, pas de ces pontes qui vous méprise d'être autre chose qu'organes! Il m'expliqua tout. Et que le joli dessin il ne montrait pas ce qu'il aurait du montrer si ça n'avait été rien. Il téléphona aussi au médecin qui me voyait, et qui disait que c'était rien, ce petit noyau, et il le traita d'assassin, devant moi (ça c'est l'avantage des pontes, ça  a moins la langue de bois que les autres!).
Puis il me "donna" 15 jours. Pour préparer ma vie à une absence qui serait peut-être longue. Il faut dire que j'étais jeune maman tout juste divorcée. Cet homme là n'aimait pas mentir, il savait que je saurai faire ce qu'il fallait si l'on me disait la vérité.
Quinze jours. Ce fut suffisant ; j'organisais les temps à venir. Le papa pleura, les amis pleurèrent, mais moi non. Je devais être lucide. La vie est à vivre, pas à pleurer! D'ailleurs je fis 15 jours de fêtes avec les amis!
J'eus beaucoup de chance. Ils enlevèrent tout le gloubiboulga, me cloisonnèrent quelques jours derrière des murs doublés de plomb. Ce fut moins drôle d'être au sous-sol, enfermée, parce que les infirmières pesaient trois tonnes et avaient du mal à bouger avec leur tablier plombé, et qu'elles ne restaient pas trop, et que les amis n'avaient pas le droit de venir, et que le ciel je ne le voyais même pas!
Et bien, vous savez la chance ? Même si les cellules n'étaient pas bonnes, elles n'étaient pas encore diaboliques!! Juste à temps, parce que le "dérangement physique" qui m'avait amené là, il montrait que le gloubiboulga ça aime se répandre. La mauvaise herbe, ça résiste à tout! Et c'est vivace! La preuve, je suis là!
Le monsieur qui était derrière la mauvaise porte était l'un des 3 spécialiste de ça à Toulouse (maintenant il y en a beaucoup, un certain nuage qui s'est arrêté a du les faire se reproduire eux aussi).
Maintenant, le cancer de la thyroïde se guérit à 99%. Il y a 24 ans c'était l'inverse.
Il y a des erreurs qui vous sauvent la vie.

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Commentaires
M
Syl, ce que tu écris là, je le crois vrai, au plus profond de moi. Il y a un choix d'action à faire. Presque toujours. C'est parfois une voie étroite, mais qui va déboucher sur une vallée reposante d'espace. Il faut oser ouvrir et avancer, c'est vrai.
S
tu sais, je n'appelle pas ça de la chance...juste je crois des choix inconscients, des....je ne trouve pas le nom adéquat....<br /> Et puis, il y a aussi une volonté : oui ouvrir les portes n'est pas innocent. Beaucoup s'assoient devant et attendent, alors qu'il suffit d'appuyer sur la poignée.<br /> Pourquoi croire qu'une porte fermée est une porte qu'on ne peut pas ouvrir ?
M
Tu es mon lycéen préféré (non, les autres, j'suis pas du tout perverse). Ce qui m'inquiète c'est que "les plus intelligents ne volent pas le mieux"...j'suis une mouette là, tu te souviens ? de ces oiseaux qui volent, longtemps et haut, qui plus est! Ce soir, je crois que tu as frappé à la mauvaise porte, pour le coup! Hi hi hi! Allez, tente de te rattraper, petit insolent, ou te seras privé de chewing-gum...
K
Pff, j'ai vraiment pas une vie intéressante, chez moi c'est monotone à souhait... Moi les seules fois où je frappe à la mauvaise porte, c'est quand j'arrive en retard en cours et que, par précipitation, je me trompe de salle. En générale ça ne me sauve pas la vie, au contraire, sauf si le/la prof a entrepris pendant mon abscence de jeter les élèves par la fenêtre pour voir ce qui se passerait (et l'expérience prouve que ce ne sont pas les plus intélligents qui volent le mieux!). Enfin trève de plaisanterie infantiles, ton histoire est à faire dresser les poils de dents sur la tête (d'un chewing-gum)! Heureusement que ça se termine bien!
M
Oh, oui ! Après la journée de tout et la journée de rien...Organisons la journée de "Je frappe à la mauvaise porte"...Et déchaînons-nous dans nos blogs à les raconter. On fixe une date ? Et on le fait ! Je suis sûre qu'on devrait en tirer des leçons.
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