Viens à la maison
Les coeurs simples n'ont pas d'histoire.
Tu as mal, et tu vois au milieu de ta peine le vertige du demain à venir, de tes nuits qui ne sont plus noires.
Tes larmes t'étouffent et noient ta voix en accents rauques, et le manque te met la peau à vif.
C'est que tu l'aimes. Et qu'elle te manque. Tu sais aimer, n'est-ce pas un beau cadeau de la vie ? Les yeux secs se dessèchent de n'être qu'organes. Viens, viens à la maison; je m'en fous de te voir soudain perdu et suppliant, je ne veux pas que tu restes seul avec ton chagrin. Tu es mon ami, pas ce "cadre dirigeant" qui te bouffe la vie en paraîtres absurdes. Personne ne te verra, personne ne saura. Que tu as si mal, que tu te crois "nul" et "minable", toi qui dirige tant et tant. On ne gagne pas l'amour, tu le sais bien. L'autre reste autre. Elle ne t'aime plus, c'est vrai. Elle est partie, et je sais qu'elle ne reviendra pas, sa voix était si sûre de ne plus t'aimer. Viens, je ne te dirai pas que son coeur est depuis longtemps avec un autre que toi. Je te laisserai y penser. Parce que tu n'es pas prêt à l'entendre.
Allez, pleure, je m'en fous, moi. Ton apparence m'indiffère. Laisse tomber ta cravate et ton regard aigü, tes yeux gonflés de larmes ne me font pas peur, juste mal.
Viens, tu finiras par dormir après avoir pleuré ton saoûl.
Oui, demain tu dois encore prendre l'avion, et encore après-demain. Et tu es épuisé. Mais ta vie n'est pas foutue, crois moi. Le temps fera l'affaire de ton chagrin. Comme il l'a toujours fait, en piétinements de secondes.
Range ces billets d'avion, ce voyage réservé au soleil. Elle n'ira pas. Range tes projets, ils sont morts. Elle n'en veut pas. Viens, je te ferai une tisane, et je t'écouterai.