Une histoire des sens 10)
Toi, tentation exquise. Toi dont je savoure déjà, sans peut-être jamais le connaître, le goût âpre de poire, dont je vois l’éclat doré au fonds de tes yeux. Tension de mes sens, accorde que je frémisse de mes mots.
Oui, de ta peau je rêve l’accord de nos corps. Fermer les yeux pour que le rêve se précise, ouvrir les yeux et s’éblouir de songes irisés d’émaux
Impudique désir qui s’affiche. De ma bouche close, goulue, de mes mots gourmands, je dévore et savoure le goût de ta peau.
Et de ton odeur imperceptible, que mes sens ont devinée lors d’un baiser volé, de ton odeur j’ai gardé, ambre et sel mêlés
Tu troubles ma vue, Toi. Et quand mon regard plonge dans ce reflet où je me perçois, ton iris éclate en crépitements, cris muets de la tentation de nos doigts emmêlés
Muse folâtre, sur l’écorce d’un arbre, t’en souviens-tu ? tu figeas mon corps sur ce tronc puissant de sa sève et me fit défaillir par ta bouche
Onirique chant qui s’empara de nos doigts, de ta bouche, de ta main sur ma nuque, vers cette souche
Infinité de l’attente douce, des accords qui font vibrer les cordes de nos bouches.