...
Elle est insidieuse. Comme une construction difforme, de bric et de
broc. Certainement l'absence de fondations. Un bidonville des pensées.
Une horreur de boue et de brindilles, des souvenirs anciens qui
s'enchevêtrent.
Cela avait commencé brutalement. Une seconde avait suffi pour qu'elle occupe ma raison.
Ado s'était approché de moi. J'ai une boule, là.
J'avais soulevé la masse de cheveux et vu. Le ganglion, adhérent. Et la peur avait surgi. Sale bête. Peur.
Le lendemain, alors que j'étais en réunion à Paris ; j'en ai un autre, maman, de l'autre côté.
Non....
Mais si, un autre, tout aussi désaxé de l'axe habituel des ganglions. Vers la nuque.
Se raccrocher à la raison, merde.
Ce n'est pas parce que tu as connu des cas que...
Hotchkins. Deux cas. Lymphomes, deux cas.
Depuis
quatre jours je tente de démolir cette construction de mon esprit. Sors
de là, la peur. Elle n'est pas amaigrie, elle dort bien. Pas de
grosseurs sous les aisselles. Arrête !
L'analyse de sang est en
cours. Lundi soir, résultats partiels. Qu'importe, je sais que si...
cela se saura immédiatement. La plus simple des numérations perd alors
toute logique.
Lundi soir. Plus que deux jours.
Ne plus y penser.
Merde,
la peur est sournoise, vous savez, une sale bête qui n'entend rien de
vos raisonnements. Un chien qui grogne parce qu'il ne sait pas.
Mon esprit est devenu sa proie.