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Motus et bouche cousue
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9 février 2006

D'aile en aile, de plumules en rémiges

Aujourd'hui je sais si bien que mes mots seront  trop lourds... ils me pèsent. Comme un enfantement qui s'annonce difficile. Oui, dans la douleur, certainement.
Je voulais arracher une plume, la lancer très haut, la regarder tournoyer.
Vous savez, comme ces duvets qui voletaient des oreillers anciens. Avant que tant ne deviennent allergiques ; à la recherche d'un à-l'air-gène, ils ont trouvé la plume. Par exemple. Un peu comme moi.
Elle me gêne cette plume arrachée. Elle était là, parmi les rémiges qui me parsèment les elles. Parmi les autres elle semblait belle, brillante, un peu perlée. Mais la voici, détachée, arrachée, avec son rachis tout creux. Comme moi. Elle était déjà morte, la plume, même encore fichée en moi. En réalité une plume est toujours morte quand elle a fini de grandir. Elle attend son tour, celui de la prochaine mue. Oh, elle est utile ! Même si elle n'a pas de vie à elle. C'est elle qui essuie les tourments des tempêtes en trombes. C'est elle qui fait glisser le piège irisé des eaux si trompeuses sur lesquelles, parfois, je me posais.
J'aurais pu saisir quelques vibrisses, si fines, autour de mes yeux. Ou encore quelques fil-o-plumes, qui me sont si utiles, cachées, tout près de ma peau. J'aurais pu vous en tresser un fin bracelet. Si léger. Et trompeur.
Mais ce soir, mes mots sont lourds, si lourds.
Je me mue en cacatoès, je dresse et gonfle ma huppe, pour vous dire... tenter de vous leurrer. Quelle vanité !
Vous voyez cette plume ? Celle que je viens d'arracher, de mon aile. L'aile gauche pour les droitiers, c'est important. Allez, prenez la. Taillez la en oblique, franchement. Glissez dans mon rachis du sable chaud, bien chaud surtout, pour l'en-durcir. D'un lange, frottez la pellicule de graisse qui m'était si utile. Avant. Quand elle m'aidait à voler au loin. Puis taillez le bec. Comme votre main se plaira à le faire. En une ou deux pointes, d'angles plus ou moins ouverts. Choisissez l'encre qui vous plaira, trempez là, n'hésitez pas, elle a connu quelques marées noires, déjà. Pour vous, elle se fera docile et crissera sous vos mots. 

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Commentaires
A
plus que quelques jours avant de lisser tes plumes sous un beau soleil, les pattes au bord de l'eau ..<br /> <br /> ps: argile ok, attend impatiemment pattes de mouettes pour être battue :)
B
Je t'invite à aller lire Caelle et son cahier (http://caelle.canalblog.com) ett a un joli cacatoes souvent représenté en photo et qui parle, pour peu qu'on lui laisse la parole.<br /> <br /> Evitons le père hoquet, en tout cas!
M
Le parfum de la méditerranée pour m'envoûter.<br /> Une goutte de rosée pour m'abreuver.<br /> Et des graines pour picorer.<br /> <br /> La plume que vous avez taillée écrit bien joliment ! Merci.
A
Bienvenue dans la famille, j'ai un stock de graines de tournesol si tu veux ;)
M
Les oiseaux pour dormir cachent leurs yeux sous leurs ailes en pliant fort le cou... Chut ! Laissez-les rêver un peu ... S'ils cauchemardent mettons les des veilleuses et une goutte de rosée à portée de bec...
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