Danger de vie
Quand les heures coulent, en paquets d'eau balancée, en vrac, sans rien pour les faire ricocher. Quand elles s'écoulent bêtement, comme dans une canalisation de tout-à-l'égoût. Quand le temps va en ligne droite calibrée, bétonnée. Diamètre hors-gel, profondeur constante.
Je veux des heures qui cognent comme les cloches lourdes des églises.
Quand le coeur bat en pompe huilée, en mécanique réflexe. Quand il ne sait pas s'arrêter ni s'emballer. Quand le coeur marque la vie dans son rôle déterminé.
Je veux que cela frappe dans mes cotes.
Quand la parole se contente de dire. Sans autre mission que d'être entendue. Quand les mots sont apparents comme robe de bure et oublient les transparences voilées.
Je veux du hurlé et du murmuré.
La vie est là. En cellules, en battements, en lancements éteints. En demi-mesure, en heures lentes, en silences légers. La vie humaine comme elle se décrit en biologie. La mienne aussi.
Je veux être en danger de mort. Je veux crever de vivre.