L'avenir, en présent, à venir...
L'avenir, en temps à- venir.
Du passé. En empreinte du temps. Seul, si seul, mon pas-sait.
Forgé par mon présent . Si près. Sans chaîne.
Par
quel bout de la lorgnette tenter de saisir cet "à venir" ? Je n'en
connaîs qu'un ; le temps présent, celui que je vis. Tenter de voir par
mon passé est bien trop flou. Il n'existe pas de modèles
pré-déterminés qui se reproduiraient "parce qu'il en est ainsi". Ou,
s'il en existe, je les refuse. Les sociologues-démographes-historiens
ont prévu, souvent, ont parfois vu juste. Puis le temps a repris ses
droits sur les projections ; les maladies ont entraîné des
failles brutales (le Sida, en Afrique), les
guerres, dont les enjeux ne sont plus les frontières. Alors moi, là,
seule avec mon passé, dans mon présent, devrais-je prédire en
modélisation ce que sera mon à-venir ?
Ce
temps présent qui s'écoule et disparaît en même temps. Cocktail subtil
des temps, qui embrûme mon esprit, m'empêche de voir clair. Est-ce la
rivière du temps qui est trouble ? Comment penser demain, puisque mon
présent découle de mon passé ? puisque mon présent, déjà disparu dans
le
temps passé en quelques secondes, mon présent est si éphémère,
insaisissable ?
Alors comment penser mon avenir ? Comment, alors
même
qu'une seule petite seconde va changer le cours du torrent ? Si je veux
penser à construire ce temps futur, ne suis-je pas obligée d'en choisir
le matériau dès maintenant ? Oui, mais la maison de bois dont je
rêve, dont je vais dessiner les plans... si demain un lot de briques
m'est offert, si demain un nouveau matériau m'enchante, refuserai-je ce
présent du futur ? Devrai-je fermer les yeux et continuer à abattre des
pins, poursuivant le plan établi dans le passé ? Non, je ne peux. Bâtir
des châteaux de sable, tirer des plans sur une comète qui n'existe pas.
J'ai le temps chevillé à mon présent. Fille de la terre. Qui a les deux
pieds fichés au sol, le nez en l'air pour saisir l'aube. Qui ne dit pas
"il va faire beau", mais "il fait beau". Qui ne sait pas si ce soir
elle fera partie du monde vivant. Qui vit, pourtant. Qui a bâti une
famille, une maison. Qui sait que les demains ne sont que prémisces
d'aujourd'hui. Quand je sème des graines, quand je taille un arbre, je
n'agis que pour un à-venir. Je tente d'agir. Et parfois il y a des fleurs, des branches nouvelles. Parfois les graines
auront pourri, la gomme attaqué le tronc.
Dis-moi, Toi, comment veux-tu que je réponde à ta question maudite. "Comment vois-tu ton avenir ? ".
Oui, comment ?