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Motus et bouche cousue
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26 octobre 2005

Une histoire des sens 20)

Leur parc s'était recouvert d'un tapis crissant de feuilles. Les lattes du banc de bois blanchissaient un peu. Et il y avait cette lumière si belle au travers des arbres en couleurs jaunies.
Toi
et Moi partageaient la fraîcheur humide et la tiédeur des mains enlacées.
Toi la regardait. Voulait tant qu'elle lui parle. Avec des vrais mots et des phrases. Toi voulait savoir pourquoi un voile de tristesse l'emplissait. Elle se taisait, s'enfonçait dans des sables mouvants inconnus. Elle devenait muette et son souffle l'oppressait. Elle ne savait qu'écrire ses peines, pas en parler. Avait appris à se taire, pour ne pas être vulnérable.
Toi lui tendit alors ce beignet sucré qu'il allait toujours lui chercher, douceur qu'elle aimait, douceur qu'il aimait la voir manger avec tant de gourmandise. Il la regardait croquer goulûment les cristaux de sucre et piocher avec les doigts le moelleux de l'abricot.
Elle ne voulait pas répondre, ne pouvait pas.Toi s'en rendait bien compte. Qu'elle était comme muselée au dedans.
Toi lui tendit un mouchoir. Elle le prit, mais préféra respirer très fort, pour endiguer cette flotte de tous les diables qui voulait sortir de son dedans. Froissa le mouchoir. Rêva de ces temps anciens où elle aurait pu garder un carré de coton brodé à ses initiales. Elle roula en boule le Kleenex périssable. Ne parla pas. Ne pouvait pas.
Toi et Moi apprenaient les petits chagrins qui ne doivent pas se dire, mais se taire.
Elle aurait aimé, pourtant, parler de.... de ces choses graves et légères qui rendent les coeurs palpitants. Avec une voix un peu rauque lui dire... Mais une histoire de sens, ça doit rester simple, tout simplement simple. Comme ces fleurs légères qui s'éparpillent dans les jardins.
Elle se taisait.
Et disait "serre moi fort".
Et Toi la serrait en ayant peur de la casser.
Elle reprit son sourire et ses paillettes dans les yeux, rit et se redressa. Et parla. De tout, mais surtout pas de sa tristesse. Surtout pas. Elle aimait trop leurs sourires de gamins qui font une bétise !
C'est une jolie histoire. Des sens.
Et l'automne lui offrait en écrin un ciel parfois nuageux de gris, mais avec un si doux soleil tiède.
Une jolie histoire.

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Commentaires
M
Thierry, j'ai préféré t'envoyer un mail. Mais j'ai été touchée, comme si une ébréchure se colmatait de tes mots... Merci. Oui, merci. De les avoir écrits, alors que tu aurais pu passer tranquillement.
T
Il est de notes, qu'on lit, qu'on vit, un peu, et sur lesquelles on bute à commenter.<br /> Peur de blesser, peur de tomber à côté, peur de parler de choses qu'on connait mal. <br /> Peur ou espérance d'avoir bien ou mal compris, on ne sait pas.<br /> <br /> Alors, on lit, on ressent, on imagine, on se fait des images, mais jamais on ne les commente.<br /> Bien du mal à dire ' Oui, je comprends ' quand précisément on ne comprend pas, ou pas bien.<br /> Souvent, tes notes, Mouette, je ne les commente pas pour cela, pour ne pas ébrécher une cicatrice du mauvais côté.<br /> C'est bien facile de faire le pitre.<br /> <br /> Mais les blogs appelent un jeu de lecture / écriture. Alors, il faut dire de temps en temps, au moins, que ces notes là sont lues, reçues et ressenties. Et appréciées.<br /> ...
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