Guirlande de mots
Je regrette, tu sais. Ce mail, ces mots en vrac. Ils n'étaient que mots volants, mots filants.
Comme une étoile dans le ciel ?
Un peu.
Sais-tu que leur trace s'est imprimée dans ma rétine ? Que tes mots étaient si crépitants qu'ils ont ébloui mon ciel ?
Non, je n'aurais pas du quand même. Je n'avais pas à t'écrire cela.
Des mots d'amour ?
Oui, et de parler de toi comme si je te découpais.
Découpage en guirlandes de papier, c'était bien cela. Si jolie frise dépliée...Dans mon sac, oui, celui-là, sais-tu qu'ils sont précieusement pliés, tes mots en vrac ? Lus, relus, souris (oui, tes mots ont été souris tendrement).
Vraiment ? Pourtant...
Pourtant ?
Je me suis trouvé si impudique à te parler ainsi.
Impudique d'avouer la tristesse de perdre ? De dire le précieux, le doux, le palpitant ? C'est celà ?
Oui, un peu.
De dire je me sens fragile ? Je me suis exposé ?
(...)
On s'expose toujours en ouvrant un diaphragme. La photo a été en noir et blanc de mots. Ces deux couleurs en camaïeu de nuit et de jour. Vois-tu, nous avons parfois besoin de laisser les mots prendre notre place. De laisser tomber l'armure vaine. De dire ce que la voix ne peut.
Parle encore.
Demain ne sera rien. Aujourd'hui est. Tes mots d'hier appartiennent à un autre temps. Merci pour tes mots qui ont mis le vrac de mon coeur en désordre doux. Merci de m'avoir découpée en mots, en lettres, en forte, en fragile, en fière.
Tu n'as pas peur ?
Un peu, mais je veux de chaque paillette de bonheur qui passe, de chaque grain de sable qui roule. Je veux ce qu'aujourd'hui me donne.
Bésame, bésame mucho,
Que tengo miedo perdete,
Perderte después.