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Motus et bouche cousue
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28 août 2005

Défi 7) _ Phil _

7) J'ai un peu de mal à raccrocher les wagons... tiens : "accrocher les wagons, et suivre sa voie (sa voix ?)"
Ne pourrait-ce être comme qui dirait un défi ? Pour moi, c'est spontané comme phrase, en toux cas. Oups, mon sirop, vite !

Phil (plus célèbre sous son pseudo de scrabbleur), me déposa son défi à son retour de vacances (ce qui explique peut-être sa difficulté à raccrocher les wagons !).

Il courut, s’essouffla, s’enrouait de les avoir poursuivis de sa voix.
Trop tard. Il déposa ses mains sur le clavier, contemplait, le regard hébété, les mots disparus. Le wagon de queue était parti sans l’attendre, dans une bousculade de mots. Lui, lui si seul devant cette voix désertée. Il ne se reconnaissait plus dans cette gare grouillante. Ce n’était pas là qu’il voulait être.
Cet espace anonyme, cette voûte qui n’était même pas céleste, là, ces trains aux wagons de métal fuselé, polis d’acier neutre, aux mots si lisses. Il les regardait sans comprendre. Non, là n’était pas sa place. Il chercha encore de son regard hagard, voulait croire au cauchemar. Ouvrit grand ses yeux. Allons, le dernier wagon allait être là, dans un petit nuage de fumée blanche, avec ses petits mots bucoliques, son parfum de temps perdu, de grâce exquise. Dans cette gare aux murs de brique, avec des bancs, des vrais bancs où s’asseoir et écrire de la plume.
Il s’enrouait d’avoir tant voulu dire et d’avoir du se taire. Tenta de raccrocher le wagon perdu, le sien. Celui où il collait son nez à la vitre. Celui où les phrases avaient le droit de couler doucement, sans se presser.
Où était-il son train d’idées ? Il s’était enroué à tant l’appeler. Avait couru vers lui, dans un vain espoir enfantin. Pourquoi devrait-il prendre ce wagon là, wagon dévoyé, wagon différé, aux couleurs aseptisées, aux mots froids et coupants ?
Ses mains se reposèrent sur le clavier. Il jeta un regard un peu triste à son stylo plume, posé là, inutile soudainement. Il savait bien que sa recherche d’un temps ancien resterait son rêve secret. Son rêve à écrire. C’était à lui d’accrocher les wagons de sa mémoire, de suivre sa voix, de tracer les étapes vers ces gares perdues. Sa propre voix. Ecouter le chant ancien dicté par sa voie enrouée d’émotions. Il prit une gorgée de son sirop. Inspira profondément. Et écrivit.

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Commentaires
S
Ben dis donc, t'es pas en panne de train, pardon d'inspiration en ce moment.<br /> Ta gare me fait peur si les wagons se bousculent comme les idées et les mots dans ta tête !<br /> <br /> Respire !<br /> <br /> (sous titre : faites ce que je dis et pas ce que je fais )
P
ben j'ai bien fait de tousser un peu ! il est super beau ce texte, j'ai même l'impression que tu as deviné que je détestais les TGV au contraire des vrais trains d'antan. Et merdum, je le prends demain pour le boulot, cet affreux machin.
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