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Motus et bouche cousue
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18 juillet 2005

Mille-feuilles

Elle avait tant de peaux, accrochés aux clous, sur le mur, là. Elle en détachait une, machinalement, comme absente d’elle-même déjà, avant même de la coller à son visage, avant même de se fondre derrière elle. Elle était ce mille-feuilles en devanture, ce mille-masques de peau.

Peau banale pour tous les jours où elle était attendue par une pointeuse? Un sourire discret se posait, les lunettes ne quittaient plus ses yeux, le front était un peu plissé, la bouche close.

Peau piquante de la pause-café ? Les dents s’affûtaient pour mieux mordiller de quelques mots, les lunettes se hissaient sur la tête, les mains attrapaient le gobelet chaud, s’y accrochaient . Elle éclatait de mots de rien, de rires de tout.
Peau lissée du repas partagé ? Elle souriait, écoutait pour ne plus penser à elle, s’imprégnait de leurs propos, dévorait en faisant attention à ne pas salir son masque.

Peau sérieusement tendue de la réunion était un mélange plus osé de travailleur-collègue-partenaires. Elle notait, réfléchissait, savait qu‘elle ne pourrait tout faire, hochait le tête pourtant. Son masque était un peu plus vivant, elle donnait l’illusion d’être là, toute entière attentive.

Peau maquillée pour les amis se fendillait parfois, mais elle la blushait bien vite, ravalant ses larmes en même temps. Non, ne pas tout voir d’elle, surtout. Ils l’entendaient parfois, même muette, tentaient de décoller les feuilles sucrées. Ils voyaient l’autre peau, dessous, que les larmes faisaient apparaître.

Peau nettoyée pour elle, devant sa glace. Parfois elle l’arrachait, comme une croûte qui démange, regardait la peau blanche, sa peau à vif.

Elle criait de cette lumière trop vive pour sa peau d’écorchée.

Elle fermait les yeux de se voir, elle, si nue et fragile.

Lui, qui l’aimait, avant, la connaissait ainsi. Sans masque. De sa vraie voix qui était si faible et rauque. De son regard qui ne se protégeait plus. Il suffisait de l’aimer pour qu’elle arrache ses ori-peaux qui la protégeaient.

Lui qui l’aimait, avant, la voyant si fragile et dénudée voulait encore davantage d’elle, son âme et son cœur, ses pensées secrètes et ses douleurs anciennes. Elle chuchotait « non », puis arrachait de ses ongles les dernières peaux artificielles, apparaissait sans même une feuille de vigne, sans feuille blanche où déposer ses maux.

Elle ne savait pas garder une petite peau à elle, pour se défendre des soleils trop brûlants. Elle tentait de fabriquer peu à peu une peau qui se tannerait pour toujours, une peau burinée qui ferait sa peau dure et solide d’avoir trop été se dorer aux soleils dangereux des amours. Elle ne savait pas encore comment faire cette peau là, alors elle partait, elle fuyait, elle voulait être un éclair.
Au chocolat.

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Commentaires
D
J'accepte ;)
M
Et je relis, m'aperçois avec effarement qu'il s'agissait uniquement de rondeurs...point de tornade...ciel, la bévue... Accepte mes excuses d'oiseau pressé, Dia.
M
Me voila revenue... et que lis-je ??? Dia qui met en doute la tornade...et elle a raison, je suis "océan de douceur"...j'aime aussi !
D
>Phil: Pas du tt en ce moment! Crois moi!
A
je vois çà !! Dis moi il est prévénu le compagnon qu'il affronte une tornade ce soir ? hein ?<br /> <br /> rire
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