Marées
Dernière vague qui s'accroche au sable. Mais l'Océan n'est pas assez fort pour lutter, il lui faut se retirer. Tenter à nouveau, inlassablement, de franchir la dernière dune, là-bas, qu'il rêve de conquérir, de noyer de son corps profond. La Mouette l'encourage, ricane de sa stupidité vaine de la croire, elle qui ne fait que voler sans se soucier de gagner. Pourquoi être aussi démesuré? Pourquoi ce parfum envoûtant de sel? Qui veut-il séduire? Est-ce le rivage à la peau si douce, impalpables grains qui roulent sous les flots? Est-ce le ciel qu'il rejoint chaque soir en lui tendant ses yeux pour qu'il s'y reflète? Il ne doit pas savoir que "l'enfer, c'est les autres", et qu'il ne faut pas tenter de se voir en eux.
Mouette rieuse s'accroche à sa putain de vie, parce qu'elle n'a pas le choix (toujours cet instinct diabolique, chiendent des champs). Elle se rêve écume qui disparaîtrait en crépitements doux. Elle se veut éphémère, papillon d'un jour. Mais elle est là. Chaque jour où le soleil revient il lui donne cette énergie de vivre. Elle est si fatiguée, Mouette. Clore ses yeux ronds, replier ses ailes et laisser sa nuque rouler sur les rochers...
Ses yeux sont rougis par ce sel qui n'est pas d'Océan.
Elle est épuisée.
Mais incapable de se taire.
Putain d'instinct....