Par les chemins de la vie
Par les chemins du monde il avait croisé la mort.
Celle qui semble injuste à qui ne sait pas que la mort ne connaît pas les lois. Celle des enfants que l'on dit innocents.
Celle qui semble absurde, et qui l'est. Celle de la guerre.
Celle qui terrifie parce qu'elle est si proche qu'elle paraît être l'ombre de la sienne. Celle de ceux que l'on aime, que l'on touche, que l'on a apprivoisés. Et qui quittent un monde qui est aussi le nôtre.
Il allait donc par les chemins inconnus, maintenant qu'il savait que sa mort était proche. Presque sans peur. Avec l'espoir insensé d'en retarder un instant le temps.
Il avait lu, tant lu. Et il se souvenait d'une belle histoire, en forme de conte, dans un pays lointain. Il cherchait la beauté étrange de cet animal mythique qui lui apporterait, comme dans ce livre, l'espoir insensé de laver la laideur du monde. Parfois, il s'arrêtait, le coeur battant, près de la silhouette entrevue. Il lui caressait le dos, lui parlait à l'oreille son monde à lui, si absurde. Lui chuchotait des secrets.
Mais l'animal n'était pas celui du mythe, juste une silhouette transparente. Une étincelle qui jaillissait d'un autre feu que le sien. Il vivait des histoires d'espoirs insensés.
Quand il repartait, il avait une force vive en lui. Dans son coeur, une braise qui s'était ranimée au souffle de l'espoir, malgré la fatigue de sa quête. Il continuait.
Par les chemins du monde il avait croisé la vie.