Terreur à Toulouse
Il y a un eu un hurlement. Même pas étouffé. Qui venait de sa
chambre. Le problème, c'est que je reconnais leurs cris, à mes enfants. J'ai donc souri et dit aux ados qui
étaient avec moi, tranquillement,
"Tiens, il y a une araignée
dans sa chambre".
La porte s'ouvrit violemment, se referma avec la même
douceur.
Oui, elle avait bien vu un animal...
"M''man, là, tu t'affoles pas, on gère, tu vas vite dans le jardin et tu fermes la porte; y' a un mulot dans ma chambre".
Bon,
passée la seconde de terreur pure, celle qui paralyse, j'étais déjà dans le jardin, sur une
chaise, pieds remontés. Tirant comme une malade sur ma cigarette en
fixant le sol avec des yeux hagards.
Les ados sont venus.
"On s'en occupe, m'man, n'ai pas peur."
Peur ? mais je n'ai pas peur, je suis juste terrorisée. Bon, j'ai apprécié qu'elle ait dit "mulot" et pas "souris", ou encore moins "bestiole". Elle a tenté un mot qui parlerait de ma phobie, mais sans le dire. Raté, mon coeur, c'est pareil.
Je sais, et je ne veux PAS UN commentaire à ce sujet ; "les petites bêtes mangent pas les grosses", "c'est tout mignon" et autre crétinerie de ce genre. Vous avez déjà fait, quand j'en avais parlé, des bestioles, là et là. Alors ça va, hein, les "même pas peur de ça", pas la peine d'en rajouter une couche !
Cinq
minutes d'angoisse passent. C'est long, pire que chez la dentiste. Et
pourtant, je m'y connais en angoisses au parfum de clou de girofle sur
fond de fauteuil de torture.
Je me voyais déjà, à l'aéroport, tout à l'heure dire à l'ami qui vient me voir "ben, là, tu vois, chez moi..." et l'empêcher de dormir toute la nuit, après l'avoir armé d'un saladier qui servirait en emprisonner la bestiole si elle venait à passer.
Les deux ados s'occupaient de tout, elle vint donc me raconter. Que ma terreur soit complète.
C'était un bruit qui venait de sa mezzanine. Plus précisément de la théière (oui, je sais, il y a ce genre d'objet sur mes mezzanines, je ne sais pas pourquoi, d'ailleurs). Et elle a donc ouvert l'objet.... Pour le coup je l'ai coupée et engueulée.
"Il
y avait un bruit dedans et tu as soulevé le couvercle ???? Mais enfin,
il fallait recouvrir d'un drap et ficeler le tout ! Et appeler ton frère."
Trop tard, elle avait vu la bestiole...poussé un hurlement... et laissé le couvercle à côté.
Re-engueulade, vous imaginez bien.... Laisser une porte de sortie à une
horrible bestiole qui allait en profiter pour aller n'importe où dans
la maison...
Les ados sont enfin arrivés, le sourire aux lèvres.
"C'est un bébé oiseau, on va le mettre dans un torchon et le relâcher".
Il
a fallu qu'ils me jurent que c'était vraiment ça. Un simple oiseau. Le
bonheur. Pur bonheur ! J'en ai déplié mes jambes qui blanchissaient...
Et
ils ont réussi à l'attraper le moineau terrorisé. Il paraît qu'il
se cognait partout mais ne voyait pas la fenêtre grande ouverte. Un
tout petit moineau gris, dans le nid d'une mouette... Il s'est envolé
dès qu'ils ont déplié le tissu !
Bon, je me demande quand même comment il a fait pour passer par le bec de la théière ! Mais ça...
Dis, ami, tu es content ? Tu vas pouvoir dormir cette nuit !
Et moi aussi...