Tourneboulée
Il y avait mes sens, tourneboulés au frais vin blanc. A peine sucré. Et le chèvre frais pour tapisser le palais. Avec le pain au parfum de levain.
Et ma peau qui crépitait de vouloir être mise à nu. Et qui frémissait d'imaginer sentir le vent doux de ton souffle lui croquer le plaisir, de deux lèvres humides. Et mes cuisses qui s'écartaient en lancements aigus de se loger autour de ta taille. Puis mes hanches qui dansaient un air de samba dans le brouhaha, en ondes profondes.
Il y avait le comptoir du petit bistrot, au coeur de la halle du marché. Et le brouhaha et le parfum d'abricots. Et les gouttes condensées qui retombaient sur le bois. Oui, sers moi encore un autre verre à boire. J'ai soif de cette sensualité qui oublie la raison.
Et ma langue qui se frottait au palais, possédée de vouloir écarter ta bouche et s'humecter de ta salive. Et mes mains qui pétrissaient ta taille, sans frémir d'une seule phalange.
Il y avait les vélos enchaînés et mes sens en déroute qui pédalaient au bord de la route. Les pieds appuyés sur les pédales, et tes fesses qui chaloupaient en mouvements ordonnés devant mes yeux qui pétillaient. Du haut en bas tu t'élançais, et mes reins se creusaient.
Il y avait mes sens.
Et ma décence.
Qui m'interdisait de te culbuter sur le comptoir de bois.
Parmi les gouttes d'eau qui suintaient des verres de vin blanc bien frais.