Or vert
Bon, l'instant est crucial. Il va falloir choisir. Pour l'avenir du jardin, pas de l'humanité. Il ne faut pas exagérer. Ce ne sont que quelques gouttes. D'eau. Pas de celles qui entraînent la sécheresse au Sahel. Ou en Bretagne.
Bien que... parfois, j'ai un doute. Souvent même. Par exemple quand je fais pipi et que je tire la chasse. Ben oui, pourquoi est ce que je ne penserais pas à l'humanité à ce moment là ? Vous souvenez vous d'un slogan californien, une année de sécheresse ? "When it's yellow, let it flow. When it's brown, put it down". Je traduis mon anglais approximatif ; "quand c'est jaune, laissez flotter. Quand c'est marron, envoyez par le fonds". Cinq litres d'eau potable (potable, oui, dans ma cuvette). De quoi désaltérer et même réhydrater. Mais ailleurs, bien loin. Et des gens, pas des fleurs. Alors ça me fait un peu drôle à ma conscience. Mais je me rassure, je sais bien que les canalisations ne peuvent pas aller si loin.
Même si... pour les pipe-lines d'or noir, je crois bien qu'elles traversent les océans, mais je vais faire comme si je n'y croyais pas. Pour ne pas avoir mal à la morale de l'humanité. Parce que ce n'est pas une note prise de tête, non. Un arrosage de conscience ? Mais non, vous savez tous tout cela. Même quand vous jouez au golf, sur le green. Vert anglais. Il paraît que ça détend la pelouse couleur tendre (non, pas douleur cendre). Pour sûr, ça doit détendre, et donc permettre à la conscience de faire entendre sa petite voix, arrosée chaque nuit. Pas à l'eau, elle, c'est certain, peut-être aux pensées d'un e-au delà ? Mais je reviens à ma question existentielle, je disais donc qu'il allait falloir choisir.
Mais... est-ce vraiment un instant crucial, l'avenir de mon jardin ? Ma goutte d'eau à moi va-t-elle vraiment être celle qui vide le vase ? Candide, viens donc à mon secours ! Allez, je me rassure, il le faut bien ; non, je ne peux pas être si responsable quand même. Ce ne sont que quelques litres. Bien moins que ceux qui emplissent les piscines au fond des jardins. Et même, cette eau là, elle doit bien s'évaporer, et donner de la pluie, non ? après tout, les usines sont bien plus grosses consommatrices et pollueuses d'eau, non ?
Quoique... s'il y a autant d'usines pour fabriquer autant de consommables-jetables, n'est ce pas parce qu'il y a des consommateurs frénétiques ? Je la fais bien se taire, ma conscience, quand j'ouvre mes placards... Remarquez, ne pas regarder la télé aussi, ça m'aide, parce que je crois bien que ça induit tout plein de désirs que l'on croit être des besoins, non ? Alors ça me rassure, je me dis que j'aurais pu "encore plus"...
Mais revenons à cet instant crucial, en image, c'est rafraîchissant.
Pas raisonnable, voilà ;
Enfin tout ça, ça ne me dit pas ce que je dois faire pour le jardin.
Quoique.... c'est joli le doré, non ?
Et ça rime avec été.