Grain de feu
Je t’ai perdu au
détour de mes errances.
Tu t’es décollé des saveurs douces de mes
désirs, et ma langue cherche le goût de poire verte de ton souvenir.
Mes mots partis en lambeaux rayent le nuage noir de ton absence. Et mes
bras impuissants broient le souffle perdu de ton plaisir disparu.
Je me suis perdue aux contours de ta vie.
La nuit dissout mes murmures qui s'offrent à toi.
Quand
la lune éclaire en halo perlé la voûte parsemée de ma peine, quand les
feuilles perdent leur nervures et ne sont plus que formes pleines,
quand la nuit noire étouffe la couleur, pourquoi n’es-tu pas là ?
Le jour aveugle mes soupirs qui déchiraient le silence.
Dans
mes rêves aux parfums sucrés, ma bouche est en feu de ce grain de
piment oublié.
J'attends
la lame de tes désirs, qui fendrait ma chair lisse, pour en découvrir
le coeur brûlant. J'attends ta main qui détacherait un à un les
grains blancs de mes humeurs moroses. J'attends.
Mes nuits sont lourdes du parfum enfui de mes rêves.