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Motus et bouche cousue
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31 mai 2006

A demain, chef

C'est con, ce qui m'arrive, pas vrai, chef ? Pourtant, le matin, je passe mon badge. Comme avant. Puis je monte les escaliers deux à deux. Question d'habitude.
C'est con, je n'ai plus envie de m'arrêter au service informatique pour attraper les listings. Plus tard. Après le café. Ca fait tout drôle d'avoir gravi pendant deux ans les étages, les listings quotidiens d'un côté, le café de l'autre. Maintenant, je grimpe à vide. Puis je redescends cliquer sur la machine pour mon gobelet chaud. Et les prendre, ces putains de listings.  Tu sais que je consulte même mon solde de jours de congé ! Pour un peu j'en rigolerai presque, pas toi ?  Et même mes heures sup. Et je jette un oeil à l'horloge Windows, aussi. Celle que j'ignorais avant. Pour ne plus trop en faire, de ces heures que je donne, pour rien, pour finir le boulot. Ces heures là me pèsent maintenant. C'est con, pas vrai ? .
Je vais travailler.. parce qu'il le faut. Avant, j'aimais bien, pourtant.
Peu à peu les conflits se sont installés, larvés, jetés à la figure, et maintenant silencieux. Le pire, chef, c'est mon silence, tu le sais bien. Je m'assois et me tais. Comme ce matin, pour notre sacro-sainte bilatérale.
"Ne coupe pas les ponts avec l'équipe"
"Les mails suffisent, ça fait une trace. Et je suis sûre d'avoir donné l'info à tout le monde."
"Ne fais pas ça, tu es leur responsable"
"Moi ? Tu veux rire ! Ils gagnent plus que moi, se foutent royalement de boulot s'il n'est pas dans le cadre parfaitement défini de leur attribution... alors..."
" Tu dois surveiller que..."
"Oui, tu as raison, je flique même parfois, pour récupérer les grosses erreurs.  Il n'y a que le maternage que je ne supporte plus. Non. J'arrête. Tiens, tu vas rire, chef, tu sais l'objectif du ministère, oui, le tien, le mien, celui sur lequel on a axé tous le boulot, le nôtre, le leur...et bien je vais te raconter la dernière (...) si si, ils n'avaient pas envie, alors ils n'ont pas fait ! Ils sont drôles, non ? trop de boulot, ils ont dit. Cela fait deux mois qu'ils zappent discrètement... Je m'en suis aperçue par hasard..."
"Mais il faut faire une réunion d'équipe, là"
"Je n'ai plus envie, chef, je suis fatiguée d'eux, de moi".
Chef à moi anime donc. C'est leur copain, il aime bien être copain avec les équipes. Moi aussi je les aime bien, même si je ne suis pas leur copine. Peut-être parce que je dois aussi les faire bosser...
"Il faut que..."
"On a trop de travail, tu ne te rends pas compte..."
Silence avec rêverie intérieure. Tu sais bien, chef à moi la réalité. Tu n'es pas plus aveugle que moi... nous en avons parlé ce matin même...
Qui faisait sa déclaration d'impôt tout à l'heure ? Oui, toi, le surbooké.
Et qui jouait au Sudoku après avoir cherché un gîte pour l'été ? toi qui revendiques ne pas pouvoir tout faire.
Tiens, et toi, avec tes pauses café de deux heures, le stress passe ? Et toi, qui papotes avec ta nombreuse famille ?

Oui, chef à moi, tu le sais, tout ça, alors c'est fini pour moi, tu vois. Vous avez refusé de comprendre que j'avais besoin d'aide ? Ou plutôt si, vous le savez, mais... puisque j'y arrive, n'est ce pas ? Vous avez refusé d'entendre que deux ans à assumer toutes les fins de mois-début de mois, y compris août, ou décembre, parce que je sors des résultats conjoncturels -oui, ça commence par "con", c'est con, ça, pas vrai, chef ? -, et bien, cela m'épuise le goût du travail. Et que personne ne veut apprendre le nouveau logiciel. Pas partie de leurs attributions, ils disent ! La retraite dans 5 ans, ils s'y préparent, ils m'ont expliqué.
Non, tu sais bien que je n'ai jamais joué à être malade. Mais, vois-tu, depuis quelques semaines, j'ai de drôles de crises d'appréhension, parfois. A l'idée de devoir retourner au boulot.
C'est con, pas vrai ? Mais je suis là, tu le vois bien.
A demain, chef. Tu sais, si je n'avais pas des partenaires qui attendent mes chiffres pour bosser, et bien... je crois que je serais au bord de l'Océan, et que je marcherais sur le sable de longues heures.

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Commentaires
P
ouéééé !! morzy l'oeil !! ;)
M
C'est tout bête, pourtant... il suffirait de presque rien. <br /> D'un peu plus de respect, peut-être, tout simplement. D'accepter de parler une langue qui soit vraie. Dans ce monde du travail que je connaîs, j'accepte tout à fait que chacun ait son rythme. Qu'importe le temps passé, du moment que le travail est fait. Je n'ai rien contre les pauses cafés, les pauses détentes, mais je souffre réellement de la langue de bois. Pourquoi accepter que je peine à tenir la route, uniquement parce que j'y arrive ? encore combien de temps ? Et à quel prix ? <br /> Je fais, en m'abrutissant parfois, en tenant les délais. Parce que j'ai toujours voulu ne pas en "profiter", ce qui constitue la grande faille de la fonction publique. <br /> Qui a ignoré des années les "exécutants", leur demandant de "faire" sans réfléchir. Maintenant ils sont là, n'ont plus le goût des initiatives, des responsabilités. Ils ont été "abandonnés" par le système. <br /> C'est dur de travailler avec eux, et de ne pas leur en vouloir, à eux personnellement. C'est ce que je me répète. Souvent. <br /> Mais je suis fatiguée parfois. De ce discours "politiquement correct" des chefs. J'assume ne pas avoir su motiver mon équipe. Je ne suis pas "manager" de formation. Je voudrais qu'ils assument avoir laissé des gens sur le carreau. Les réunions sont si souvent une litanie stérile de belles paroles ! Ouvrez les yeux, Chefs en tout genre (moi y compris), cessons de croire que des techniques managériales vont effacer des années d'irresponsabilisation.
A
Le monde du boulot, celui où on dépend de gens que l'on a pas choisit est malheureusement souvent nécessaire si on veut assumer ses responsabilités ( familiales par exemple). Le jour où on a la chance comme moi de pouvoir en sortir on renaît on découvre la liberté.
M
chef,<br /> si mouette fait la moue revoyez votre moule, elle risque fort de faire le clams!ouvrez un blog et foutez la paix à ceux qui bossent...(eux) <br /> <br /> PS, et rendez le sourire que vous avez chipé! non mais!
P
si tu regardes mes heures de commentaires, tu peux constater que je sais de quoi tu me parles...<br /> <br /> il y a quelques années, je bossais plus que ma part. intégrant même quand il le fallait le boulot des autres... et puis, un jour, j'en ai eu marre. d'un coup. ras le bol généralisé. du jour au lendemain, j'ai VU tout ce que les autres ne faisaient pas.<br /> et je me suis totalement démotivée. (oui, on m'a beaucoup aidé, pour ça, hein, mossieur MON chef...)<br /> depuis?<br /> je fais mon boulot, et rien d'autre. et quand j'en ai pas (ce qui arrive très souvent en ce moment, le taf se fait rare), ben je m'occupe à des choses qui ont mon intéret. sans m'en cacher.<br /> à mon chef qui me demandait pourquoi j'étais si souvent sur internet, j'ai répondu : "mais donne-moi du boulot! je le ferai volontiers! ah ? t'en as pas sous la main ? ben repasse plus tard alors"<br /> et toc. et tant pis. ma vie est ailleurs. plus dans un job qui ne me passionne plus.<br /> en attente d'un nouveau boulot, plus motivant, je suis en attente... <br /> et ma "culpabilité" à ne rien faire quand je n'ai pas de taf a disparu. je préfère ne pas faire semblant... c'est tout.<br /> <br /> sinon, ya de la place, sur ta plage ? j'aime bien l'océan, moi aussi :)
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