Ravage
Il n'y a plus rien que cette vague amère, que ce flou dans le coeur, que ce mal dans les poumons.
Plus rien que cette écharpe en corde de piano qui scie le dernier filet d'air à inspirer.
Plus rien de vivant.
Que l'absurde chagrin qui débarque et ravage tout.
La
cigarette au bout incandescent qui s'allonge sans pouvoir vivre autre chose
que de se consumer en braise ardente. Les yeux qui piquent, qui brûlent,
qui se noient dans 2 millimètres de flotte chaude.
Cela prend tout, et les tripes se nouent, les lèvres se craquèlent.
Le temps se fige en gelée qui tremblote.
Écraser
la cigarette comme si une forêt risquait de prendre feu. S'y brûler
l'ongle et en ricaner. Serrer les paupières si fort, tenter de créer
des digues impuissantes et vaines. Et hoqueter en bavant un peu.
Vouloir hurler de ne pouvoir que se taire. Faire face, encore et
encore.
Allez, salut vous autres, salut les passants honnêtes, les
gens heureux, les bien-pensants, les amoureux, les pas torturés, les
décomplexés, les solitaires, les acharnés. Je vous donne le bonsoir, et
je pars crever ma bulle d' amertume au coin de mon lit. Au coin de mon
livre.
Au coin de ma vie dont les angles droits me trouent la paix.