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Motus et bouche cousue
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22 mai 2006

Allez, va-t'en

J'ai franchi les sentiers escarpés qui menaient à toi. Mes pieds ont laissé les chairs s'endurcir d'avoir trop grimpé. Trop longtemps. Je suis arrivée là-haut, le regard fatigué, le coeur fier et làs.
Je t'ai portée à bout de bras, à bout de souffle. Mes larmes n'ont jamais éteint tes braises. Jamais.
Je ne te quittais pas des yeux, te haïssant parfois, comme aujourd'hui. Mais ne t'abandonnant pas en chemin, pourtant. Les escales furent courtes, mon orgueil m'a crié de ne pas te déposer ainsi n'importe où, sur le plateau déséquilibré d'une balance. Il fallait donc encore et encore attendre ? Tu avais mis la barre bien haut.  Recommencer ? Tu me pèses tant parfois, et l'oxygène se fait rare.
Tu m'as aidée pourtant. Quand je me débattais pour que tout "marche bien" ; oui, pas plus. Pour que ma famille soit comme une autre, malgré les accidents si cons de la vie de tous les jours.
Mais aujourd'hui, les mains me démangent de creuser la terre, de te concasser en miettes et de t'enterrer. De te recouvrir de pierres lourdes. De te crier que je ne te veux plus. Plus ainsi. Si lourde pour mes bras fatigués.
Je te hais de devoir crier ma peine. Ici. De déballer mes peurs. Ici. C'est à cause de toi, tout ça.
J'y ai épuisé les mouchoirs en papier. J'y ai frotté mes yeux rouges et mouché mon nez. Sans que personne ne me voit, ne souffle sur ma peine pour en sécher les larmes. 
Merci. Je te dois bien çe petit mot là, n'est ce pas ? Merci.
Je te dois de pouvoir vomir à mon aise quand la nausée me frappe.
De  faire fondre le comprimé quand la fièvre me terrasse.
Je te dois la force de soulever les potaux de béton et de noircir mes mains de cambouis.
Et l'absurde droit de ne pas manger de la journée ou de ne suçoter que des bonbons.
Et de veiller tout mon saoûl leurs maladies et mes angoisses de mère.
Je te dois mes cigarettes grillées et mes cendriers pleins.
Je te dois ma peau qui se donne parfois aux hommes.
Et mon téléphone où l'on peut toujours me joindre.
Mes chansons à tue tête, et les fleurs que je préfère.
Je te dois ma voix éraillée d'avoir trop crié et de ne pouvoir en parler qu'à mon clavier.
Je te dois ma tête secouée de sanglots, qui ne peut se reposer.

Je ne sais plus quel est ton nom.
Dis-moi, est-ce "liberté" ? ou "solitude" ?
J'ai oublié. J'ai tout oublié je crois.
Mais je te remercie quand même, tu sais. Ma fierté est à sa place. Mon orgueil en parfait état de marche.
Allez, va, va-t'en, arrête de me lire. J'y arriverai, comme d'habitude.
A vivre. Et même à avancer.

terres_d_ecrits1
Dessin de T. Dohollau

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Commentaires
M
La tour de contrôle a déposé un préavis de grève il y a quelques temps. Elle se prépare aux atterrissages de fortune d'hélicoptères, de coléoptères et autres volants trop bien identifiés. Les pilotes sont prévenus, ils ont attaché leur parachute et mis l'arnica dans leur poche.
M
L'orgueil en parfait état de marche est un hélicoptère qui a oublié qu'il doit se poser de temps en temps pour remplir son réservoir de carburant. Avant qu'il s'en aperçoive (parfois trop tard) on se moque un peu de lui. Lorsque la panne est concrète on lui en veut beaucoup : il aurait pu nous épargner le désastre visuel de son crash ... Ainsi atterrissent les hélicos. mal et douloureusement. Est-ce la faute aux constructeurs ou aux pilotes ? Qu'en dit la tour de contrôle ?
M
C'est si dur, parfois... n'est-ce-pas ?
M
Fort...si fort!
N
Faut-il lui baliser le chemin?
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