Défi n° 14) _ Adjaya _
Adjaya s'est inscrit pour me lancer un nouveau défi ; "Les défis, j’aime bien ça.(...) Tu as choisi comme
point de liaison, parmi mes nombreux billets le plus saugrenu. Celui qui ne
devait rester qu’en filigrane et que je suis condamné à maîtriser tant bien
que mal : J’ai nommé « Tiger l’osmose » que j’aurais introduit ici je l’espère
sans trop de grabuge. J’aimerais trouver quelqu’un qui puisse démontrer que
sous cette requête d’apparence farfelue se cache un enjeu majeur : Celui de
démontrer que ce concours est des plus utile aux concepteurs de nos chers
algorithmes, ceux des moteurs de recherche, ceux dis-je qui nous permettent par
quelques mots clés de trouver la bonne adresse, l’information pertinente. Voilà
donc mon défi."
Il s’était assis dans son siège
en cuir, les pieds sur la table basse, les yeux mi-clos. Savourait le dernier
cigare de la soirée, un sourire aux lèvres. La réunion avait eu lieu ce matin.
Ils étaient venus, bien sûr, toutes affaires cessantes, alléchés par l’appât du
gain. Pas un ne manquait. Leurs regards chafouins et leur voix mielleuses ne le trompaient pas. Il
se méfiait de tous. Surtout quand ils dégoulinaient du condescendant
« patron » à la fin de chaque question. Chacun rêvait de prendre sa
place ! Il ne se lassait pas de son pouvoir, malgré les contraintes. Les
nombreux gardes du corps dont il devait s’entourer... Les traîtres étaient
éliminés sans état d’âme, mais ils avaient parfois eu le temps de faire des
dégâts dans l’organisation. SON organisation, construite laborieusement, année
après année.
Les premiers rapports étaient arrivés.
Jamais il n’avait mis autant de monde sur l’affaire. Il fallait la
retrouver.
Avant le premier avril, c’était une question de vie ou de mort. Il
sourit béatement. Quels idiots d'avoir gobé un poisson pareil !! Il
leur avait
laissé le choix des pistes à suivre. Ils la connaissaient tous un peu,
qu’il se
débrouillent. Il avait longuement réfléchi avant de les réunir. En les
lâchant
dans la nature, il savait que la toile se resserrerait sur elle. Cinq
cent mille
euros. Il y avait eu un silence étouffé quand il avait annoncé le
chiffre. Elle
ne tarderait pas à tomber dans le filet. "Comment avait-elle osé le
quitter ? Lui ?" Il avait tonné la question, dans un silence de mort.
Le patron qui faisait trembler tous ces « petits
joueurs » comme il les surnommait en souriant dans ses pensées. Et ils
avaient tous pensé qu'il devenait gâteux pour s'être entiché d'elle
à ce point ! Les stupides ! L'enjeu était sacrément plus
important !
-- Si je la trouve j’empoche le gros lot. Faut que je gagne. Je la trouverai le
premier. J’m’en fous bien mal de savoir ce qu’ils vont en faire, après. Je la
lui déposerai, dans un sac de jute, ficelée et bâillonnée. Je serai célèbre !
P’tain ! et riche ! A moi la belle vie ! Bon, la retrouver
d’abord. Il faut que je sois méticuleux. Et que je n’en parle à personne, sinon
ils me voleront mon idée. Bon, d’abord aller dans tous les endroits où elle
aimait picorer. Ca va être facile, tiens ! il y en a des dizaines, des
vendeurs de shawarma ! Mais j’ai ma ptite idée, j’n’ai pas oublié ce
qu’elle aimait manger quand elle était avec ses amies. S’ils l’ont vu passer,
avec sa commande spéciale « double dose d’oignons crus, pas de frites et
beaucoup de sauce blanche », ils ne l’auront pas oubliée. Allez, en avant.
Je sens que je vais sentir le graillon avant la fin de la journée, moi. P’tain,
si ça se trouve elle a arrêté de manger ça, en plus ! Non, elle était trop
gourmande, ça il le savait bien. Allez, au troisième de l’avenue. Bon,
heureusement que j’ai encore faim, parce que je sens que ça va être dur d’ici
quelques heures. Soixante échoppes à kébab rien qu’dans la ville, p’tain, ils
peuvent pas manger avec des assiettes comme tout l’monde ? (...)
-- Le patron sera surpris, il me prend pour un perdant, je vais lui montrer que
je sais gagner quand le gain en vaut la chandelle. Je ne l’ai pas vue souvent,
mais je sais qu’elle aime le vélo, ça doit la démanger de se balader avec le
temps qu’il fait. Je ferai toutes les pistes cyclables, mais je la trouverai,
la ptite. J’ai déjà mal aux mollets, mais avec cinq cent mille euros, j’aurais
tous les massages que je veux après. Voyons, pas de précipitation, on est nombreux sur l’affaire. Alors, où est-ce
qu’elle doit se planquer, la miss ? Moi, à sa place, je serais chez…(...)
Il souriait, perdu dans ses pensées. Le cigare était doux. Il aimait ouvrir
l’étui de métal, le libérer de sa gangue de cèdre, garder en bouche la fumée
parfumée. Ils allaient finir par la retrouver, c’était évident. Ils étaient
tous un peu stupides, mais il suffisait d'y mettre les moyens. Il avait compris
qu’en procédant avec un filet dérivant il l’attraperait. Tant pis pour le menu
fretin qui serait pris au passage. On frappa à la porte. Déjà ? Ils
avaient déjà réussi ? Entrez !
-Monsieur ? Vous ne pourriez pas leur donner une photo
récente ? Parce que pour l’instant ils m’en ont ramené une dizaine qui lui
ressemble, mais ce n’est pas elle. On en fait quoi de toutes celles-là ? ça
encombre la salle et on ne peut pas toutes les zigouiller, ça va finir par nous
attirer des ennuis.
Laissez les. Donnez leur 1000 euros à
chacune, elles n’en demanderont pas plus et fileront.
Je t’explique, tu me paraîs plus intelligent que les autres. Pourquoi crois-tu que
je leur ai promis une telle récompense aujourd’hui, à tous ces loosers ?
Pour savoir lequel a su comment la chercher. ET la trouver.
Elle, je m’en fous,
elle est partie, grand bien lui fasse. Mais le jour où je voudrai vraiment
retrouver quelqu’un, je saurai comment procéder ! Je les ai lancés sur la
piste d’une technique ! Et motus, motus et bouche cousue, sinon c’est tes
lèvres qui se souviendront de ce que ça veut dire. Compris ?
-Oui, patron, vous pouvez compter sur moi. Vous savez que vous êtes un
génie ? Bonsoir, Monsieur Google.
Pour
avoir une vraie réponse à certaines questions sur les moteurs de
recherche, allez donc lire ici, et savourez également cette
merveille, le
filtrage de l'information, interview d'Umberto ECO.