Défi n° 13) _ Pati _
Pati m'a lancé un défi ; "laisse errer tes mots autour de l'idée suivante : et si ma seule punition était d'être immortelle...."
- Regarde m’man, je t’ai ramené des fleurs du jardin d’Elsa. Sa mamy m’a dit qu’elles s’appelaient des immortelles !
- Merci mon cœur, elles sont très belles. Et même pas besoin d’eau pour elles !
-
Et non, c’est pour ça qu’on les appelle « immortelles ». Sa mamy m’a
dit que tu pourrais les garder des années sans qu’elles ne changent.
Dis, m’man, j’aimerais bien que tu sois comme ces fleurs là.
- Et bien je vais t’avouer quelque chose qui va te combler alors… je suis bien comme ces fleurs…
- Tu es immortelle ? ?
-
Ptite princesse, en réalité, vois-tu, le bouquet que tu viens de
m’offrir n’existe que parce que ses fleurs ont fané et sont mortes...
Je t’explique, ne fronce pas tes sourcils ! Ses pétales sont tombés,
comme ceux des autres fleurs que tu connais déjà, les roses, ou les
pivoines ! Ce qui compose ton bouquet est l’enveloppe vide, ce qui
entourait les pétales… Le mot savant est joli, un bouquet d’involucres
immortelles…
- Oh, je préfère « immortelles » ! Je continuerai à les appeler comme ça, moi !
-
Mais oui, tu as raison, puisque c’est le nom de la fleur qui pousse,
vit et meure... Tu comprends pourquoi je ressemble à ses fleurs, même
si on les appelle des immortelles, mon cœur ? J’ai poussé, je vis, et
je vais mourir. Comme toi, comme nous tous.
- J’aurais bien aimé quand même que tu sois vraiment immortelle, m’man, je ne veux pas que tu meures, moi.
-
Et si je l’étais ? Imagine avec moi… Je te verrai mourir, toi et tes
frères et sœurs, les amis que j’aime aussi. Je verrai tous ceux que
j’aime disparaître. Ce serait bien pire que de savoir que je vivrai
jusqu’à ma mort. La pire des punitions, mon seul vrai cauchemar,
d’ailleurs ! Etre immortelle ! Je suis contente d’en parler avec toi.
- Tu serais triste si on mourait, toi aussi ? Moi j’en ai si peur…
-
Beaucoup de gens ont peur de la mort, tu sais, ou alors ils voudraient
ne pas savoir qu’elle va venir. Ils rêvent de mourir en dormant.
- Moi aussi !
-
Et bien moi, non… Parce que mourir, c’est la dernière chose de vivante
que l’on fait. On meurt vivant ! Après c’est fini. Et tu sais que
j’aime croquer toutes les petites choses de la vie, ma mort aussi. Je
voudrais bien lui parler juste avant.
- Nous on sera tous à côté de toi, tu ne seras pas toute seule !
- Peut-être, mais ne t’inquiète donc pas de ça si ce n’est pas possible ! C’est ailleurs que l’on vit ou l’on meure.
- Au paradis ?
-
Mais non, tu sais bien que je ne crois pas au paradis, ou à l’enfer !
Je ne crois qu’en la vie. C’est dans le cœur de ceux qui nous ont
aimés, que l’on vit ou que l’on meure. Pas ailleurs. Alors, quand tu
penseras à moi, je serai là, bien au chaud, tout contre toi, vivante de
ta pensée.
- Alors je penserai tous les jours à toi !
- J’espère
que non, mon cœur ! Ton cœur aura plein d’amour à vivre avec des êtres
bien vivants qui seront à tes côtés ! Non, par exemple, tu sauras que
je deviendrai un instant immortelle quand… tu feras cuire mon gâteau au
chocolat !
- Oh oui ! J’en ferai à mes enfants, et je leur dirai que c’est le gâteau de leur mamy !
-
Voilà, tu as bien compris ! Je serai immortelle, de la seule façon que
je souhaite l’être, dans un parfum de chocolat ! Gourmande, va ! Tiens,
ça doit être mes gènes, ça ! Sacrés atomes, il n’y a bien qu’eux qui
pourraient …
- Raconte-moi, pour les atomes, maman.
- Tu es un
peu jeune pour entendre parler de Camus, on verra ça un peu plus tard,
d’accord ? Viens, on va chercher un vase pour tes jolies immortelles.
Et on va faire…
- Je sais ! Un gâteau au chocolat ! Et on oubliera pas la pincée de piment !
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