Un Saint-Honoré ou des spaghettis bolognaises ?
En agrafes enfoncées dans le bois.
Arrête toi...
En colle qui se dissout. Pâte informe.
Tu ne crois quand même pas, non...
En punaises dont la tête éclate sous le coup du marteau.
Mais enfin, tu penses vraiment que (?)
En fiel dégueulé de la nausée.
Tais-toi, le doute qui s'immisce...
Et tout ça, pour quoi ? Je vous le demande ! Savez-vous pourquoi ? Pour une pécadille ! Celle qui a fait déborder ma colère. Rouge, verte ou noire, comme les prunes.
Parce que la ptite brune, qui n'aime pas compter pour des prunes, qu'on se le dise, a eu une proposition de trop.
Charmant et raffiné, le monsieur, empli de délicatesse et de prévenance. Tenez, un à qui vous donneriez votre code de carte bleue sécurité sociale. Les yeux fermés. S'il pouvait m'offrir un verre après la soirée, mais pourquoi pas ? Puis l'invitation au concert de jazz, au bon repas.
Mais la ptite brune qui aime les prunes vertes, mêmes celles salées-sucrées des douceurs acides chinoises, et bien la ptite brune a eu un doute. Violent, comme l'agrafe qu'elle venait de planter dans le bois. Qui avait déchiqueté les fibres.
Mais enfin, tu ne lui as pas posé di-rec-te-ment la question, après tout.... tu as pensé que... mais si ça se trouve... Vous savez, la ptite voix qui discute avec vous quand vous êtes occupés à tout autre chose. Elle me parlait, la sournoise.
Alors j'ai attendu son appel. Gai, souriant et charmant, plein de délicatesse. Et la ptite voix a cédé la place à la parole.
Bien, tu es marié ?
Et la réponse fut à la hauteur du doute. Bien évidemment.
Non, merci, je n'ai pas envie d'un cheptel d'hommes mariés. Oui, j'ai déjà pratiqué, avec un monsieur charmant. Non, même très libre , même certains week-end, même pour des petits voyages. Non, merci. (remarquez-vous l'horrible onctuosité de ma politesse exquise ? j'ai dit "merci" ). Deux claques, je me flanquerais volontiers deux claques. Serais-je donc affichée à la location ? Croyait-il que ses manières exquises étaient le prix à payer ? Oui, la semaine prochaine, à mon retour, j'en parlerai avec toi de vive voix. Mais tu es stupide ma pauvre brune blette comme une poire ? Heureusement que tu n'avais pas encore...il n'aurait plus manqué que ça, lui avoir offert ce qu'il attendait ! Remarquable intuition. Parce que j'aurais bien pu....
Je suis en colère ce soir.
Parce que j'ai la furieuse envie de me munir d'un saint-honoré et de le flanquer au visage de ce monsieur.
Ou de minauder pour aller manger italien. Pour le plat de spaghettis -bolognaise- sur son crâne.
J'ai une semaine. Pour digérer ma colère. Ou la transformer en vengeance. Je ne sais pourquoi je suis si enragée ! Mais je le suis, c'est certain. Je déteste le mensonge, même par omission. Et je ne regrette aucunement d'être divorcée.
Je détesterais avoir un compagnon qui trempe son sexe dans celui d'une autre avant de se glisser dans mon lit.
Je sais, cette dernière phrase est horrible.
Elle n'est que réalité pourtant.