Avant
Non, vraiment, ça ne se décide pas, c'est ainsi. Je ne peux même pas t'en demander pardon.
C'est ainsi.
Pas de palpitation du coeur, pas de mains moites de se serrer dans les poches en te guettant au coin de la rue. Rien. Même pas la première rose qui aurait été conservée comme relique d'une histoire en gestation. Je me souviens - oh je voudrais tant oublier pourtant - avoir caressé des doigts des pétales décolorés, les yeux gonflés de chagrin. Quand je savais. Ce qu'était d'aimer.
Rien de rien.
Pas envie de projet avec toi. Les orangers croulants de leurs fruits d'or, ou les vagues en parfum d'iode violent, comme j'en ai rêvé ! Mais non, vraiment pas. Pas avec toi. Juste la tasse fumante de la soirée. Même les repas avec mes amis... vois-tu, cela m'ennuie qu'ils te regardent comme si. Moi je sais que tu ne seras pas toujours là, je voulais juste partager avec toi leur amitié. Tu ne prendras pas l'odeur de ma maison, et sa poussière familière ne se parsèmera pas de tes cheveux épars. Non, je ne veux pas te dire où je range les serviettes.
A quoi bon ?
Tu es de passage. Je ne veux pas que tu t'attaches, je ne t'ai donné aucun espoir, ni dit de mot tendre. Jamais. J'ai toujours été comme il faut, avec juste de la douceur en dosettes, du respect empaqueté. M'aimer ? Moi ? Quelle drôle d'idée.
Je ne peux pas aimer, c'est ainsi.
Pas toi. Tu es mon tendre ami. Accepte le, je ne peux te donner que ce je suis capable d'offrir. N'attends rien. Rien que je ne puisse t'offrir. Mon coeur bat, comme il doit le faire. En mécanique si coutumière. Oh, comme il battait fort, avant !