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Motus et bouche cousue
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30 novembre 2005

Quelques mots...de ton fils

Ca tanguait.Elle s'accrocha à son bureau. Lisait, relisait, les mots en tempête. Les imprima, les plia, déplia, lu et relu.
Elle avait le mal de mère.
Il lui faisait son procès, c'était comme cela qu'elle le lisait. Son message commençait ainsi "Quelques mots...". Dans la salle vide, le plaignant accusait. Le plaignant, devenu adulte, lui faisait un procès. Entouré de mots qui réconfortent. Comme ces lettres terribles, où une seule phrase, au milieu, annonce la mauvaise nouvelle.
Elle pleura. Accrochée à son bureau.  Affalée sur la table. Assise sur les toilettes. Adossée à un arbre. Pendue au téléphone.
Il accusait...son "manque de naturel"... comme il l'avait bien cernée ! Que croyait-il donc ? Que son sourire n'était pas parfois son rôle le plus difficile ? Que savait-il, lui, son fils, de sa vie ? Ce qu'elle avait accepté d'en montrer. Que savait-il de ses cauchemars, de sa terreur de ne pas y arriver, parfois ? A les guider vers leurs vies d'adultes, lui et eux ? Elle le savait bien qu'elle jouait la comédie, parfois. Aurait aimé ne plus se réveiller pour vivre demain. Parfois. Quand cela était trop difficile. "Tu aurais du agir, tu as été aveugle." Oh, s'il savait ! Combien elle avait eu peur. Parfois. Elle n'avait pas pu agir. Avait tenté d'apaiser, de garder malgré tout, un faux-semblant. Jusqu'à ce qu'il vole en éclats. Elle ne pouvait pas, avant, n'avait pas eu la force. Non, elle n'avait pas voulu pleurer dans leurs bras. Elle avait voulu être forte, et responsable. Et seule, aussi.
Elle pleura, en lisant à haute voix. Sanglota pour de bon. Le naturel revenait.
Eux, lui dirent les mots qui lui enlevèrent ce mal de mère. Ils lui dirent on t'aime. Elles lui dirent, nous on aimerait bien plus tard être une mère comme toi. Elle releva la tête. Putain, ça n'arrange rien ces yeux tout rouge ! J'ai l'air de quoi, maintenant ! Va écrire, m'man. Il faut que tu lui répondes, au frère. Elle acquiesça. Un peu plus tard. Maintenant, les mots seraient trop en maux.
Ils cassèrent le père Noël en chocolat. Rien ne vaut un bout de douceur partagée pour guérir le mal de mère. 

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Commentaires
D
Peut-être que les mots justement avaient besoin d'être libérés, délivrée de cela parole est revenue en paix.
M
Dia, quand tu écris cela, c'est comme si un 'tit ange bleu venait me caresser la tête...Ils sont "beaux" et parfois si libres de dire qu'ils oublient combien les mamans seules sont... seules ! Grâce à fils-adulte nous avons beaucoup parlé à la maison ! D'accord, pleuré aussi ! "j'ai fait du mieux que j'ai pu, fils, du mieux que j'ai pu"... Et la parole est revenue en paix.
D
Ils sont "beaux" tes enfants dans tous les sens du terme, tu y arrives Mouette, je l'ai vu...Les regards ne trompent pas
R
Les mots doivent sortir pour que les maux passent... moi je n'y arrive pas et je voue une haine sans borne à ma mère dont je n'ai jamais rien eu à attendre que ce besoin de "faire son devoir" (mais que son devoir) Elle aurait été un juge parfait au procès d'Outreau.... celui qui condamne "à la louche" sans finesse, sans réflexion... sans compassion aucune.
A
Par expérience je sais que le mal de père existe aussi, il se guérit parfois un peu plus tard quand l'enfant subi sa première épreuve solo, il comprend et c'est vers toi qu'il vient chercher refuge.
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