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Motus et bouche cousue
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30 septembre 2005

Défi 11) _ Homme N'dar_

Toi, mon ami, tu me demandes d'écrire un texte sur cette phrase (une parmi les multiples !)  qui hantent ta tête. Soit, je m'y risque, parce que je sais ton regard toujours indulgent sur moi !
"Et vous ! soldats qui jamais n'avez eu peur, écoutez retentir le chant des vautours ! ".

Leurs vastes ailes découpaient la lumière du soir qui approchait. Leurs ombres projetées silencieusement leur fit relever tous ensembles la tête. Le danger pouvait venir de cet autour. Ils aperçurent les vautours, leurs cous pitoyables. Un des soldats ricana tout bas : "C'est blanc comme bras d'enfant et mou comme un cadavre." Une seule de leurs mains en aurait brisé les vertèbres d'un coup sec.
De leurs coups d'ailes lents et amples, ils tournoyaient. N'étaient pas pressés. La faim n'était plus vivace, depuis quelques mois déjà. Les charognes puantes étaient légion.
Les soldats poursuivaient leur marche silencieuse et attentive. L'ombre de la nuit se confondrait bientôt avec leur plumage noir. Qu'importaient ces stupides oiseaux ? Les présages ? Ils laissaient cela aux froussards, aux poltrons, aux couards. A ceux qui cherchaient prétexte dans la peur pour fuir.
La peur ? Des mercenaires ? C'étaient des hommes, des vrais. Ils risquaient la peur comme ils risquaient la mort. Sans état d'âme.
Volez donc, vautours, vous ne plongerez pas vos becs dans nos entrailles ! Les cadavres ne manquent pas, vous n'aurez pas les nôtres, charognards !
Pas un bruit dans le ciel sépia. Les rapaces connaissaient le monde de la nuit. Leurs yeux jaunes avaient percé la noirceur. Leurs yeux avaient vu. Les autres. Là-bas. Tapis à l'orée du bois. Qui attendaient.

La nuit était noire. Le silence était enfin revenu. Quelques râles encore. De plus en plus faibles. Les vautours se rapprochaient. Posés à côté de ceux dont les viscères étaient épars. Leur bec ne leur servi pas à casser les os. Leur cou, si fin plongeait dans les abdomens, fouillant les chairs au plus profond.
Ils reprirent leur vol silencieux. La femelle fendit l'air de son chant nuptial. Elle était prête. A accueillir la vie en elle.
Le soldat au sol, le visage tordu des douleurs finales, le soldat qui avait appris la peur en même temps que sa mort, entendit le chant des vautours retentir comme oraison funèbre.

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Commentaires
M
Ils n'avaient pas de tripoux au menu, au moins ? hi hi hi....
B
Hum, miam, on en mangerait! Je n'aurait peut être pas dû passer par ici avant d'aller déjeuner, malgré la belle écriture.
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