Angélique
Vous savez que parfois je suis un être absolument délicieux ?
Oui, parfois.
Quand je ne suis pas horripilée par des "trucs" qui me mettent... les nerfs à vif, les neurones en position surchauffe (où est le off ? ), l'humeur en rouge violet, les dents en dents (ben oui !) de fourchette prêtes à grincer au premier mot.
Parfois, adorable délicieuse je suis. Prête à rendre moult services. Tenez, par exemple, en expliquant pour la quinzième fois à grisâtre-colorée-en-cuivre-reflets-acajou que le recto-verso sur la photocopieuse, c'est là. Et après un "mais non, ça arrive à tout le monde d'oublier !", je pars en sautillant et l'ego gonflé à bloc d'être si douce et pétrie d'un altruisme rayonnant.
Parfois,
mais ce n'est pas toujours le cas. Quand je pense à autant de
gentillesse de ma part, je me sens première bouchée d'un fondant au
chocolat. Et je baisse pudiquement la tête, faussement gênée de ces
remerciements flatteurs dont on ne cesse de m'abreuver. Ne soyez pas
jaloux, je suis sûre que si vous faites un effort, vous aussi en serez
loués (comme les poulets, avant d'être décapités et rôtis). Je
suis alors petit chamallow aux couleurs pastels, petit piment qui n'est
pas encore mûr. Hé hé, adorable je suis. Mon auréole me fait même
courber la tête pour ne pas s'accrocher au montant des portes. Un
angelot (oui, vous savez, ceux aux cuisses comme pilons de poulet).
Parfois
quelle merveilleuse collègue je suis ! Lavant la cafetière où un reste
de truc noirâtre a caramélisé de façon répugnante. Souriant (d'un air absent quand même, j'ai mes limites) aux vannes stupides des collègues (vous savez, les blagues sur les blondes, les belles-mères, les épouses, les trucs qu'ils trouvent drôles, quoi), remettant en état les icônes disparues (mais oui, ça arrive à tout le monde ! Mais comment font-ils ça ? Mystère).
Mais ce n'est pas tous les jours. Tenez, aujourd'hui, par exemple.
Il
était 7 heures, je pédalais toute joyeuse de n'avoir pas eu la première
averse de la journée... quand ce crétin de piéton a voulu rejoindre sa
voiture en sortant du distributeur, sans regarder... ben oui, ça fait
du bruit une voiture, donc pas de bruit= personne. S'il n'y avait
personne, pourquoi regarder ? et bien j'ai failli le percuter en vélo
et me vautrer bien sûr. Et là, monsieur crétin m'a reproché aigrement
de ne pas avoir de lumière. (de toute façon il n'a pas tourné la tête...pffft)...
ben, voyez-vous, ça m'a fait sauter l'humeur. Parce que mon gilet
fluorescent travaux-publics il se voit, sombre crétin. Et que je
déteste la mauvaise foi. Non mais.
Alors évidemment au boulot, ce n'était pas le bon jour pour trouver grisâtre-colorée-en-cuivre-reflets-acajou,
la bouche ouverte et avide, devant la photocopieuse. Parce que si
j'avais pu lui coller la face sur la vitre et la faire tourner en
recto-verso, je l'aurais fait. Mais comme je suis quand même adorable,
je lui ai juste jeté (avec quelques postillons d'acide) que
l'icône, là, elle expliquait bien la marche à suivre. Après bien sûr
j'ai tenté de remettre le cerveau violet en mode "je me calme, souris
détends toi". Et j'ai bu trois cafés. Je n'aurais pas du.
Parce que grand chef a moi il est venu dire trois horreurs sur sa femme (vous savez, la maman de ses quatre enfants, sa compagne de vie depuis 30 ans, sa femme quoi!). Il a juste dit qu'elle était inapte, paresseuse (je crois qu'il a rajouté, normal, elle est prof), stupide
et... il n'a pas eu le temps de terminer ses amabilités quotidiennes à
son égard. Parce que le violet de mon humeur était en train de passer
au noir. Et dans ces cas je ne vois pas très bien s'il y a beaucoup de
monde autour de moi, j'explose légèrement. Oh non, je ne crie pas.
Jamais. Je prends une voix (oui, glaciale, c'est ça, généralement le silence se fait quand les glaçons tombent).
Et j'ai lâché trois mots sur sa "lâcheté, son attitude méprisable, son
manque de c...(oui, j'ai employé un mot qui représente l'anatomie
masculine)... parce que si c'est pour penser ça, mieux vaut divorcer".
Ah, je me suis sentie mieux après. Surtout qu'ils sont tous sortis de
mon bureau. Et que j'ai pu tenter de trouver le mode "off" de la
colère. J'ai essayé.
Aujourd'hui n'était pas le bon jour pour eux. Y compris pour adorable-qui-a-bien-vu-que-toi-tu-as-petite-mine,
et qui n'a pas bien compris quand je lui ai demandé gentiment de bien
vouloir comprendre que, non, je n'avais pas envie de discuter. A
la troisième fois elle a compris. Parce que je lui ai demandé si elle
avait bien entendu.
Parfois je suis adorable. Je
fais rire au café. Je dépanne en souriant les logiciels plantés pour la
troisième fois suite à une mauvaise manip. Je fais même quelques
douceurs à partager. Parfois.
Mais pas aujourd'hui. Sablés à l'arsenic, quelle bonne idée.
Demain sera un autre jour. Il faut l'espérer.
Mais comme ça fait du bien....de se faire sauter l'humeur !
Parfois.