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Motus et bouche cousue
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8 septembre 2005

Le bourreau

Elle avait reconnu son pas. Se glaça, immobile, toute entière réfugiée dans sa peur. Non, ne pas crier, ne pas hurler. Ce serait lui donner trop de joie. Le bourreau arrivait à pas feutrés. Prêt à reprendre son travail ignoble.
Elle était immobile, allongée, sur le front quelques perles de sueur glacée.
Ne pas lui donner cette joie malsaine de lui montrer sa douleur. Résister. Elle banda ses muscles, respira profondément, tenta de retrouver la maîtrise d'elle.
Sa présence feutrée s'approchait. Mon dieu, non, je ne suis pas prête, pas déjà. Un répit avant de faire votre sale boulot, madame la tortionnaire. Soyez humaine, quelque peu... si peu, je ne vous demande qu'un peu de répit (...) Le coup parti. Sa tête violemment rejetée en arrière, elle gémit. Serra les dents. Ne rien laisser paraître, se taire. Mais elle avait besoin d'air, sa bouche s'ouvrit sans pouvoir se retenir. Le cou fut écrasé de sa main puissante. Elle suffoquait, guettait l'évanouissement qui la libèrerait.. Le bourreau maîtrisait son art, hélas, dégagea l'étreinte. Juste avant. Avant qu'elle ne puisse s'enfuir de son corps. L'air emplit ses poumons en saccades. Elle hoquetait.
Elle ferma les yeux plus profondément, se réfugia ailleurs, là où personne ne pouvait lui faire mal. Les souvenirs de son enfance, le jour où (...) Elle cria. Ne put pas retenir ce cri. Elle était lâche. Dans sa poitrine la chair brûlait, se racornissait. Son corps se tordit en mouvements imprévisibles.
Elle se recroquevilla. Sanglota. Cessa de se croire plus forte que cette tortionnaire familière. Qui chauffait son coeur à blanc, le tordait en courbes, le martelait.
Elle avait reconnu son pas. Se glaça, immobile, toute entière réfugiée dans sa peur. Non, ne pas crier, ne pas hurler. Ce serait lui donner trop de joie. Le bourreau arrivait à pas feutrés. 
Elle reconnut son pas familier, à cette putain de souffrance qui la frappait. A ce forgeron aux mains noires qui prenait son coeur comme métal à chauffer à blanc. Putains de souvenirs fumants et rougeoyants, qui détruisaient sur son passage cette once de joie qui tentait de naître en elle. Putain de souffrance qui la torturait sans lui laisser le temps de devenir plus forte qu'elle. De cette force qui la ferait se lever et fuir en lui claquant la porte au nez.
Le bourreau partit, comme il était venu, de son pas familier.

Elle sanglotait doucement, la tête enfouie dans son oreiller.

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Commentaires
M
Un défi ? Tu veux bien l'inscrire là-bas, à droite ? Mais clairement, avec le bon mot, parce que "protagoniste", il faudra que tu précises un peu. Tu veux bien ? Le thème me paraît difficile, je te demande donc des précisions (elle est chiante la mouette, je sais, je sais...).Mais tout défi est bon à relever...c'est le tien de devoir retranscrire !
B
Heureusement que je n'ai pas lu ce texte hier, je ne sais quelle aurait été ma réaction. J'ai eu au boulot une journée de Merde (avec majuscule assumée) qui a commencé avec mon collègue favori (là, c'est ironique) qui m'a engueulé indirectement à peine salué, suivi d'un pugilat verbal à trois contre un lors du déjeuner. C'est décidé, je ne mange plus avec eux sinon l'ulcère me guette.<br /> <br /> Revenons à ton texte, l'esprit plus détendu (quoique). J'ai pensé immédiatement à "La mort est mon métier" de Robert Merle qui raconte la vie d'un tortionnaire nazi racontée par lui-même. C'est un roman mais c'est assez édifiant car on a plus souvent des témoignages de ceux qui sont passés entre leurs pattes que d'eux même. Un défi, peut être, raconter la même scène vue par l'autre protagoniste ?
M
Epsilon... le partage serpente parfois par des rues si étranges...
E
Transmission de pensées, c’est donc pour cela que je voulais dire merci…<br /> Merci d’avoir écrit mon image… je viens de relire… encore et encore…
S
zut, moi qui voulait arriver un rayon de soleil à partager , je peux plus pour le moment...le telephone n apporte pas que de bonnes nouvelles.
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