Des Toi, des Moi
Je les ai tous aimés, et je continue à garder en Moi leurs souvenirs émus. Certains n’aimaient guère ces ex-Toi qu’ils souhaitaient voir disparus corps et âmes. Je les rassurais, leur parlant de notre avenir qui pourrait pour toujours être sans haine, cela les apaisait. La fidélité est une notion fondamentale pour Moi ; donc, si mon cœur s’ouvre à un autre Toi, même fugacement, je pars. Je ne supporte pas l’idée de trahison. Louable et pervers, je le sais bien, mais je ne sais agir autrement.
Certains Toi se sont mariés(je fus même témoin d’un Toi), ont eu des enfants (non, pas marraine, je suis athée !). Parfois nous buvons un café ensembles, ou parlons de tout et rien au téléphone, après quelques mois de silence. Nous nous racontons nos vies, nos amours, nos folies. Un Toi parfois qui m’a si bien aimée, me conseille, me protège. Ils savent que je n’oublie jamais ceux que j’ai aimés, que je ne peux les désaimer totalement ; je garde le souvenir de nos bouts de bonheur, qu’ils aient été d’années ou de mois. Mon cœur est une pâquerette dont personne n’arrache les pétales.
Bien sûr il faut parfois beaucoup de temps pour que la douleur d’une séparation se soit apaisée. Toi-diable que j’aimais tant, pourrais-je un jour partager un café avec Toi sans trop d’amertume ? Je n’y suis pas prête, mais comment ne pas souhaiter oublier tes mots-javelots, tes mots-tueurs ? Comment ne pas souhaiter retrouver un jour ce qui me charmait tant en Toi ? Sans plus me sentir en danger et avoir besoin de te fuir ? Quelques années passeront certainement avant l’instant d’une complicité enfin retrouvée. Je crains encore de te croiser tel un fantôme qui me glacerait le sang, mais je refuse d’oublier que je t’ai aimé.
Toi qui étudiais en médecine quand nos routes se croisèrent, (que nous étions encore jeunes !!), et dont j’appris que tu avais surveillé ma santé quand j’étais hospitalisée -quelques années plus tard-dans l’hôpital où tu exerçais sans que je le sache ! Une infirmière me parla de Toi qui assista à l’opération, simple spectateur, et qui en demanda le secret… Mais les infirmières aiment ces jolies histoires, Moi aussi ; j’en fus émue, tu sais. Tu te cachas de Moi, je l’ai respecté, je n’ai pas pu te dire le merci que je te dois pourtant, d’avoir pardonné le feu follet que je fus auprès de Toi, et d’avoir veillé sur mon corps que l’on ouvrait. La cicatrice est fine et jolie, peut-être te la dois-je un peu…les blouses blanches sont liées par ce lien de la confrérie qui fait s’appliquer le scalpel « un peu plus » quand il le faut !
Toi, mon gentleman-farmer…un Post entier te sera dédié.
J’ai demandé pardon à certains Toi qui ont souffert de mon attitude abrupte, et j’éprouve une grande paix de savoir que rien de ce qui fût des Toi, des Moi ne s’est brisé. Car si nous nous sommes aimés, pourquoi nous haïr ? Même si, parfois, quand ils me demandent « mais pourquoi ? », je ne peux que leur répondre, tout doucement, pour ne pas souffler sur une braise mal éteinte, « c’était ainsi ». .
Merci à Vous, Tous uniques, Tous aimés, Tous en Moi comme des pétales immortels.