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Motus et bouche cousue
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26 juin 2005

Racines

Oui, je sais, ce sont nos racines qui nous donnent notre force. Ce sont par elles que la sève va puiser cette précieuse nourriture. Je lis vos écrits si tendres et émouvants de vos grands-parents...
Oui, mais moi, je ne connais pas vraiment mes racines. Est-ce pour cette raison que je suis quelque peu de guingois ? C'est possible !
J'ai longtemps cru, vivant dans une île, que ma famille étaient "tout le monde". J'avais ma nounou à moi, Ina, comme je l'avais surnommée (Rosina était moins gouleyant à ma bouche enfantine).
Ina m'emmenait partout. Chez les vieux chinois aux marmites fumantes, chez ses amies qui riaient fort et dansaient en ondulant, chez la sorcière aussi.
Si vous saviez comme elle me faisait peur, la sorcière en bas de chez moi... Pourtant elle m'apprit à jeter le grain aux poules (j'ai toujours aussi peur de ces bestioles stupides), en chantant "petitpetitpetit". Et ses onguents aux parfums étranges firent dégonfler ma main bleuie et écrasée. La douleur disparut aussi. Mes parents savaient que l'on est pas sorcière pour rien dans cette île là. Quand l'accident arriva ce n'est pas l'hôpital qui me vit en premier, mais bien elle... Pragmatiques européens, certes... mais pas fous quand même !
Mais mes parents n'aimaient pas que Ina m'amène partout. Alors Ina m'apprit à mentir, non, à me protéger. Elle disait "Chut, tu dis pas à papa et maman que tu t'ai baignée, sinon ils vont se fâcher. Je sais pas pourquoi ils veulent pas, mais tu aimes tant te baigner, alors tu leur dis pas, mon coeur". Et je me taisais. Je partageais avec elle le secret des longues siestes accrochée dans un tissu sur son coeur. Chutt.... Je mangeais les coquillages remplis de caramel parfumé. Je dévorais les germes des noix de coco, les caramboles acides. Chuttt.... Je salais les mangues vertes. Là bas, je descendais de la maison et demandait un peu de sel "pour maman". Et on me donnait du sel en riant. Chutt...Je crois qu'ils étaient trop sévères pour les joyeux habitants de cette île là, mes parents ! J'ai eu une enfance merveilleuse. Grâce à eux.
Je n'ai compris tout cela que quand nous rentrâmes en Métropole. Plus de Ina que j'avais quittée en riant (je ne me le pardonnerai jamais) lui lançant des fleurs de Tiaré du haut du paquebot.
Mes racines ? Sont-elles là-bas ou dans le sourire de ces gens qui me donnèrent tant d'amour que ma vie entière est une quête de ce bonheur partagé.
J'ai pourtant refusé d'aller y vivre quand Ina m'y proposa un poste d'institutrice (non, je ne travaille pas pour l'éducation nationale!).
Je veux garder intacts en moi ces souvenirs là. Ne rien perdre de leur parfum de paradis de mon enfance.

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Commentaires
P
journée normale, et pas touché par les remous du moment... moments de blues parfois.
M
Oh, quel étrange Phil que voilà...qui prône le jeu cruel un instant... As-tu passé une mauvaise journée au travail ? Je sais qu'un établissement de ta grande maison a fermé ses portes..les remous peut-être ?
P
ça n'en sera qu'un jeu plus cruel :-)
M
Ah non, tu as déjà dit qu'on ne pouvait pas se marier, ne cherche pas les points communs! Hi hi hi!
P
j'ai choisi de ne pas faire métier de ce qui me passionne, ça se rejoint un peu, non ?
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