Brutus
Dans quelques pages feuilletées, les mots de Bernard Clavel se seront tus. Dans quelques pages pourtant je ne sais si la nausée engendrée aura fait taire son amertume. Je me suis arrêtée. Ai écouté ce cantique de Jean Racine de Fauré. Ré-écouté. Le fiel au dedans n'a pu être adouci.
Certains livres ne devraient pas être dans mes yeux. Dans ma bibliothèque, parmi ces oeuvres que j'aime, admire et respecte. Mais pas dans mes yeux. Quand j'écris le mot "nausée", ne croyez pas que ce soit par pure rhéthorique. Il s'agit bien alors de la seule définition recevable de ce qui est en moi. Qui aime tant lire. Qui absorbe parfois tant de pages, pour être dans d'autres vies que la mienne, pour être dans ces merveilleux voyages, au bout des mondes, au bout des songes, au bout de ces pensées éclairantes. Ces écrits qui m'emportent alors, qui me font clore les yeux et penser, autrement, l'esprit éveillé.
Mais là, Brutus m'a renvoyé en écho violent cette nausée que je tente d'oublier.
Celle née de la honte parfois d'appartenir à cette humanité là.
Humanité, qui, au nom des chants éternels du pouvoir, de croyances toutes en soit respectables, de ces richesses qu'ils nomment ainsi... au nom de ce qui appartient à notre globe, innocente Gaïa ... a commis, commet et commettra des actes inhumains.
Oui, je ne veux pas lire de mes yeux celà. Je porte trop en moi cette nausée de voir notre monde vomir parfois sous les coups et le sang, l'indifférence et la violence de ces humains qui la peuplent.
Pardon parfois d'être humaine.